Sur Isaïe 14, 1- 21
Comment es-tu tombé du ciel, Lucifer, astre du matin ?

Origène
Traité des Principes, SC 252, p. 440s

Il est tombé du ciel, celui qui était auparavant Lucifer, l’Astre du matin, et se levait avec l’aurore.
Si, d’après certains, il était ténèbres par nature, comment alors pouvait-il se nommer auparavant Lucifer ? Comment pouvait-il se lever avec l’aurore, s’il n’avait en lui rien de lumineux ?
De fait, le Seigneur lui-même nous donne un enseignement sur le diable, lorsqu’il dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair (Luc 10,18). C’est donc bien qu’il était lumière auparavant. En comparant Satan à l’éclair et en déclarant qu’il est tombé du ciel, le Seigneur montre qu’il fut jadis dans le ciel, qu’il eût sa place parmi les saints, qu’il a participé à cette lumière à laquelle participent tous les saints, et qui fait des anges des êtres de lumière (2 Corinthiens 11,14) et des apôtres lumière du monde, selon la parole du Seigneur (Matthieu 5,14).
Cet ange lui aussi était donc jadis lumière, avant de pécher et de tomber dans le lieu où nous sommes : sa gloire maintenant est changée en poussière, ce qui est le propre des impies, selon la parole du prophète (Psaume 7,6). C’est pourquoi il est appelé prince de ce monde (Jean 12,31, c’est-à-dire prince de cet habitacle terrestre. Il exerce son pouvoir sur ceux qui l’ont suivi dans sa malice, puisque le monde entier est dominé par le malin (1 Jean 5,19).
Ainsi, il est dit que ces Puissances ennemis furent autrefois immaculées. Il n’appartient à personne d’être essentiellement immaculé, si ce n’est au Père, au Fils et au Saint-Esprit. En toute créature, la sainteté est un élément accidentel, et ce qui est accidentel peut s’en aller comme il est survenu. Les Puissances ennemis furent autrefois immaculées, elles se trouvaient mêlées à celles qui aujourd’hui demeurent immaculées. Cela montre que personne n’est immaculé par nature ou par essence, et que personne non plus n’est souillé par essence. Il dépend par conséquent de nous et de nos choix d’être saints et bienheureux, ou bien, par paresse et négligence, de tomber de la béatitude dans la malice et la perdition.