Sur Genèse 3, 1-15 ou Romains 5, 12-21
La toute Vierge
Saint Jean Damascène
La foi orthodoxe, SC 540, 87 (IV.14), p. 219s

Joachim épousa Anne, cette femme respectable et digne de louange. Mais de même que l’Anne d’autrefois, qui était stérile, engendra Samuel grâce à une prière et à un vœu, de même la seconde Anne obtient de Dieu, grâce à une supplication et à un vœu, Marie, la mère de Dieu, afin de ne pas le céder sur ce point non plus à quelque personnage illustre que ce soit. Voilà donc la grâce (car tel est le sens d’Anne) enfantant la souveraine (car telle est la signification du nom de Marie : elle est en effet devenue réellement souveraine de toutes les créatures par son rôle de mère du créateur). Marie est enfantée dans la maison de Joachim et elle est conduite eu Temple. Puis, après avoir grandie dans la maison de Dieu et avoir été nourrie par l’Esprit, comme un olivier couvert de fruits, elle devint la résidence de toute vertu, écartant tout désir du monde et de la chair, conservant vierges de ce fait son âme aussi bien que son corps, ainsi qu’il convenait à celle qui devait recevoir Dieu en son sein. Car étant saint, Il se repose dans ce qui est saint. Ainsi, par conséquent, elle accède à la sainteté et se montre un temple saint et admirable pour le Dieu très-haut.
Or l’ennemi de notre salut épiait les vierges à cause de la prédiction d’Isaïe : Voici que la vierge sera enceinte, enfantera un fils que l’on appellera du nom d’Emmanuel, Dieu avec nous. Pour que celui qui toujours s’enorgueillit de sa sagesse fût pris au piège par celui qui attrape les sages à leur propre astuce, la jeune fille est fiancée par les prêtres à Joseph, le livre nouveau est confié à celui qui savait les Ecritures ; ces fiançailles furent la sauvegarde de la vierge et un trompe-l’œil pour celui qui épiait les vierges. Mais lorsque vint la plénitude du temps, l’ange du Seigneur lui fut envoyé pour lui annoncer la conception du Seigneur. C’est ainsi qu’elle conçut le Fils de Dieu, non pas d’un vouloir de la chair ni d’un vouloir d’homme, mais par le bon plaisir du Père et la coopération de l’Esprit-Saint. Elle procura au créateur d’être créé, au modeleur d’être modelé, au Fils de Dieu, Dieu lui-même, de prendre chair et d’entrer dans la condition humaine à partir de sa chair et de son sang purs et immaculés acquittant la dette de notre première mère. En effet, de même que celle-ci a été modelée à partir d’Adam, de même celle-là mit au monde le nouvel Adam, enfante selon les normes de la gestion et d’un engendrement qui dépasse la nature. Ainsi donc, c’est d’elle qu’est né le Fils de Dieu, Dieu incarné, non pas homme porteur de Dieu, mais Dieu incarné, oint par la présence totale de celui qui l’oint. Lors de sa conception, le Seigneur garda vierge celle qui le concevait ; enfanté, il sauvegarda aussi la virginité de celle-ci, étant passé à travers elle sans la blesser et la conservant scellée.