Sur Romains 7, 14-25
Agnes beatae virginis

Saint Ambroise de Milan
Hymnes, p. 376s

D’Agnès la vierge bienheureuse, voici le jour anniversaire,
Où, son esprit rendu au ciel, un sang précieux l’a consacré.

Déjà mûre pour le martyr, sans être mûre pour les noces,
La foi chancelait chez l’adulte, le vieillard cédait, épuisé.

Ses parents, d’effroi, renforcèrent le verrou gardant la pudeur :
Mais la foi ouvre, irrépressible, les vantaux qui l’emprisonnaient.

On la croirait marchant aux noces, l’air aussi joyeux dans sa marche,
Portant à l’époux, trésor neuf, le riche sang qui est sa dot.

Contrainte d’allumer aux torches les autels d’un dieu exécrable,
Elle répond : « Vierges du Christ ne prennent point pareils flambeaux !

Car ce feu-ci éteint la foi, sa flamme enlève la lumière.
Frappez bien ici, qu’à grands flots mon sang éteigne ces foyers ».

Sous ce coup, quel noble maintien ! Se couvrant toute de sa robe,
Elle montra le soin pudique qu’on ne le vît point découverte.

Dans la mort vivait sa pudeur, sa main recouvrait son visage,
Son genou fléchi glisse à terre, elle choit avec modestie.