Sur Romains 6, 1-11
L’union au Christ par le baptême

Père Jules Cambier
La liberté des baptisés, AS 21, p. 43s

Le verbe baptiser signifie plonger, et il évoque le rite baptismal de l’immersion ; le verbe parallèle être ensevelis avec le Christ dégage la signification profonde du geste : le baptême est comme un ensevelissement, une véritable mort que le rite symbolise et réalise pour le croyant. On voit la différence entre le baptême chrétien et les mystères grecs : ici, représentation d’un mythe, censé produire magiquement son effet salvifique ; là, au contraire, union de foi à un événement historique, la mort de Jésus, et elle sortira ses effets dans la mesure où cette foi est réellement vécue.
La mort du Christ, expression de son oui d’obéissance au Père, a détruit le non du péché des hommes, dans la mesure où ceux-ci s’unissent au oui de la mort du Christ pour glorifier le Père. Dieu, en nous marquant du sceau du baptême, nous a unis au Christ d’une manière stable, plaçant dans nos cœurs les arrhes de l’Esprit. L’amour du Père nous a appelés à être saints et irréprochables devant lui, c’est-à-dire à devenir par l’action de Jésus-Christ des enfants de Dieu, afin de vivre désormais pour louer le Père de gloire ; le bain du baptême donne cette sainteté aux chrétiens.
La mort du Christ est agréée par le Père dans le fait de sa résurrection, qui prouve la valeur rédemptrice de sa mort. Mort et résurrection sont les deux faces du même événement salvifique central, et le chrétien ; baptisé dans la mort du Christ, est solidaire de toute la destinée du Christ, donc aussi de sa résurrection. Le baptême nous unit donc à la vie du Christ : le Saint-Esprit nous le communique alors au nom du Seigneur, nous donnant la sainteté et la justice qui nous assurent l’héritage du Royaume de Dieu.
L’union de notre vie au Christ se trouve décrite ici par une locution difficile à traduire et qu’on peut commenter ainsi : unis à la mort du Christ, nous devons croître avec lui. Pour évoquer la croissance de notre être chrétien, saint Paul utilise habituellement l’image du Corps du Christ ; par le baptême, nous sommes insérés dans ce Corps, et nous grandissons en celui qui est notre Tête, c’est-à-dire la source de notre vie nouvelle et le principe de notre unité, en même temps qu’il est notre Seigneur. La vie du baptisé se trouve donc intimement unie à la vie du Christ.