Sur 1 Corinthiens 10, 14 – 11,1
« Tout est permis, mais tout n’est pas profitable »

Saint Irénée de Lyon
Contre les Hérésies, IV, 37,4-5, p. 547s

Bien des textes de l’Ecriture montrent le libre arbitre de l’homme et el conseil de Dieu : celui-ci nous exhorte à la soumission envers lui, et nous détourne de lui être infidèles, mais il ne nous fait pas violence pour autant. Même l’Evangile : il est loisible de ne pas le suivre, si l’on veut, encore que ce soit sans profit : car la désobéissance à Dieu et le rejet du bien sont au pouvoir de l’homme, mais comporte un préjudice et un châtiment non négligeables.
C’est pourquoi Paul dit : Tout est permis, mais tout n’est pas profitable ; il enseigne aussi la liberté de l’homme, en vertu de laquelle tout est permis, puisque Dieu ne le contraint pas ; et il souligne aussi l’absence de profit, afin que nous ne nous servions pas de la liberté pour voiler notre malice, car ce serait sans profit. Il dit encore : Dites la vérité chacun à son prochain. Et encore : Vous étiez autrefois ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur : conduisez-vous avec décence, en enfants de lumière, sans vous laisser aller aux orgies et aux beuveries, à la luxure et à l’impudicité, aux querelles et aux jalousies. Voilà ce que certains d’entre vous ont été ; mais vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés au nom de Notre Seigneur. S’il n’était pas en notre pouvoir de faire ou de ne pas faire ces choses, quelle raison aurait donc eue l’apôtre, et bien avant lui le Seigneur lui-même, de nous conseiller de poser certains actes et de nous abstenir d’autres ? Mais l’homme est libre dans sa décision depuis le commencement, car Dieu aussi est libre dans sa décision, lui à la ressemblance de qui l’homme a précisément été fait ; aussi, en tout temps, lui est-il donné le conseil de garder le bien, ce qui s’accomplit par l’obéissance envers Dieu.
Et ce n’est pas seulement dans les actes, mais jusque dans la foi, que le Seigneur a sauvegardé la liberté de l’homme et la maîtrise qu’il a de soi-même. Qu’il te soit fait selon ta foi, dit-il, déclarant ainsi que la foi appartient en propre à l’homme par là même que celui-ci possède sa décision en propre. Et encore : Tout est possible à celui qui croit. Bien des textes analogues montrent l’homme libre sous le rapport de la foi. C’est pourquoi, celui qui croit en lui a la vie éternelle, tandis que celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie.