Sur 1 Corinthiens 15, 20-34

La résurrection des morts

Saint Jean Chrysostome

Homélie sur les deux épîtres aux Corinthiens, OC 17, p. 263s

 

Le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis. Ce principe de récapitulation  de ce que le Christ fut, qui doit se renouveler dans le chrétien, est absolu chez Paul. L’inclusion dans le Christ comporte un seul état surnaturel au-dessus de l’espace et du temps, une fois pour toutes réalisé. Alors que dans le texte qui précède, nous nous trouvions en face du genre littéraire de la polémique, ici, c’est une élévation dogmatico-mystique, presque hymnique. Dans le premier cas, Paul procède par des coups de boutoir que ses correspondants ressentaient et comprenaient  beaucoup mieux que nous, car le polémiste porte son attaque autant par sous-entendus que par les pensées explicites. Dans l’expression mystique de la foi, l’auteur quitte presque l’objet direct de son intervention pour s’élever à un au-delà de sa propre pensée. La richesse de tels passages ne peut se monnayer dans une courte analyse.

Tout d’abord, un coup d’œil rapide sur la situation humaine marquée par les oppositions vie-mort, Adam-Christ.

Ce présent évoque la victoire et l’intronisation future, là où la lutte entre mort et vie aura cessé. Déjà ce futur est réalisé en Jésus ressuscité, prémices de ceux qui sont au Christ lors de son Avènement.

La victoire sur les puissances hostiles : principauté, domination, puissance, tout ce matériel apocalyptique qui forme l’armée des forces hostiles au Règne de Dieu. Cette victoire s’interprète par un recours au midrash du fameux psaume 110 : Dieu a mis tous ses ennemis sous ses pieds.

Au sommet, personnification tragique de la Mort, le dernier ennemi qui sera détruit, celui que le premier homme a fait entrer sur la terre.

L’intronisation finale est grandiose. Dieu déclare : Tout est soumis désormais. Celui qui lui a soumis toutes choses, le Fils, se soumettra à celui qui lui a tout soumis, car Dieu doit être tout en tous. L’exégèse respectera la sonorité des paroles et les visions accumulées d’images qui comporte le style apocalyptique plus que les enchaînements logiques des idées. Il retiendra cette vision paulinienne où tout est conquête et domination pour le Règne du Fils ressuscité, qui remet son empire au Dieu qui l’a envoyé sauver ce monde en proie à la Mort.