sur 1Co 1, 18-31 ou 1Co 7,25-40

Le premier attrait vers la vie religieuse

Père Bernard Billet

Bernadette, une vocation comme tout le monde, p. 15s

 

« Bientôt après l’apparition, Bernadette avait l’idée d’être sœur ». Vingt ans après l’événement, la tante Bernarde, la marraine de Bernadette, avait conservé précieusement ce souvenir.

A défaut d’autres témoignages, ce point de repère qui n’est pas sans signification pourrait paraître factice. Il est si facile de broder : une voyante ne peut être que religieuse ! Heureusement, un texte du 8 avril 1858, contemporain des apparitions, confirme cette donnée : c’est l’écho sincère d’un des multiples interrogatoires de Bernadette.

Je cite : « Monsieur le Maire de Lourdes et plusieurs autres messieurs lui ont demandé quel état elle voulait prendre ; après avoir réfléchi un instant, elle a répondu qu’elle voulait être religieuse ».

Dans la bouche d’une gamine de 14 ans, une telle réponse avait de quoi étonner ; aussi le Maire d’insister : « Mais tu peux changer ; en attendant il te faut prendre un état ! » Et elle de répondre : « Je ne changerai pas ; cependant je veux faire ce que mon père et ma mère voudront ».

Bernadette ne se départira jamais de ce propos initial, tout d’une pièce comme elle. Dans ses souvenirs, il fera corps avec sa première communion. En réalité, il s’articule à la période des apparitions. Dès cette époque, maints visiteurs ont conjecturé que c’était là un des trois secrets confiés par Notre-Dame à Bernadette et qui la concernaient « personnellement ». Ils n’hésiteront pas à l’interroger à ce sujet. En vain, car ils n’en tirèrent qu’une exclamation ou un sourire ! Ainsi cet avocat de Dijon, en juillet 1958 : « Je lui dis, écrit-il, qu’un de ses secrets, c’était d’être religieuse. Cela la fit rire et elle dit : « ce n’est pas cela, ils sont plus sérieux ! »

De quelque manière qu’on l’interprète, le fait est là : il y a un lien étroit entre la mission dont Bernadette est investie et la vie de renoncement à laquelle Dieu la destine.

Et cela éclaire, semble-t-il, d’un jour nouveau deux événements marquants de sa vie, en cette deuxième partie de l’année 1858 : sa première communion qu’elle fait le 3 juin, et son admission dans le groupe des enfants de Marie, le 8 septembre. Au témoignage de l’Abbé Peyramale, au cours de cette période, « tout se développe en elle d’une manière étonnante ».