Sur 1 Corinthiens 9, 19-27

« Dans les courses du stade, tous courent »

Saint Odilon

Sur la première aux Corinthiens, p. 182s

 

Ce n’est pas irrespectueux, ni factice, de rappeler ici l’espèce de course entre saint Pierre et saint Jean, pressés de parvenir à la tombe du Christ pour vérifier les dires de Marie-Madeleine. Qui ne désirerait chercher le Christ siégeant à la droite du Père, et, afin de chercher et de trouver, qui ne désirerait courir spirituellement quand l’Evangile esquisse le charmant tableau de ces deux grands apôtres courant au sépulcre à toutes jambes ? Mais pour que le Christ lui-même nous vienne en aide, chacun de nous doit crier de désir : Entraîne-moi derrière toi, courons ! (Cantique des cantiques 1,4). Alors, il pourra se réjouir avec David et avec l’apôtre Paul d’avoir bien couru, d’avoir combattu loyalement (1 Corinthiens 9,26), d’avoir achevé sa course (2 Timothée 4,7).

A quelle fin tend cette course ? La dernière partie du verset du Cantique des cantiques le note  clairement : après entraîne-moi derrière toi, courons !, le texte ajoute : A l’odeur de tes parfums. Courir à l’odeur des parfums, c’est courir toujours vers notre Créateur par les progrès de l’esprit, en ranimant nos forces à la sainte odeur des vertus. Cette même course digne de louange entraînait les femmes toutes données à Dieu qui, d’après le récit de l’Evangile, avaient suivi le Seigneur depuis la Galilée et lui restèrent fidèlement attachées dans le temps même de sa Passion, alors que les disciples s’éloignaient. On sait qu’elles coururent à l’odeur des parfums, non seulement en un sens spirituel, mais encore selon la lettre, puisqu’au témoignage de Marc, elles achetèrent des parfums pour oindre le corps du Seigneur.

Si dans le stade tous courent, mais un seul gagne le prix, en est-il ainsi pour nous tous qui courons ? Un seul remporte-t-il le prix, et les autres restent-ils frustrés ? Non, tous les élus sont UN, et ne forment qu’un seul Corps, car nous sommes tous un seul pain, et nous partageons la même nourriture. Vous êtes tous le Corps du Christ. Donc tous les élus sont UN, et c’est cet UN précisément qui gagne le prix et dont l’Apôtre dit : jusqu’à ce que nous parvenions tous à la mesure de l’homme parfait, à la stature de la plénitude du Christ.