Sur 1 Corinthiens 9, 1-18
« Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile ! »

Saint Hilaire de Poitiers
La Trinité, Livre I, 37-38, SC 443, p. 271s

J’ai conscience, ô Père, Dieu Tout-Puissant, que je te dois cette tâche, qu’elle est même la principale de ma vie : toute ma parole, toute ma pensée, toute ma prière ne doivent dire que toi. Annoncer l’Evangile est une nécessité qui s’impose à moi !
Cet usage de la parole, que tu m’as accordé, ne peut remporter de prix plus éminent que de te servir en te prêchant, et de démontrer au monde qui t’ignore et à l’hérétique qui te nie ce que tu es, le Père du Dieu-Unique-engendré. Je te déclare : c’est là toute ma volonté ; le reste est un présent de ton aide et de ta miséricorde, à demander par la prière, pour que tu remplisses du souffle de ton Esprit les voiles de notre foi et de notre confession déployées pour toi, et qu’ainsi tu pousses notre navire dans la croisière de la prédication que j’ai entreprise.
Et nous, bien sûr, pauvres et indigents que nous sommes, nous t’implorons de nous donner ce qui nous manque ; nous apporterons alors une application obstinée à scruter les paroles de tes prophètes et de tes apôtres, et nous frapperons à toutes les portes pour comprendre ce dont le sens nous est clos. Il appartient à toi de nous donner ce pour quoi nous prions, de rendre présent ce que nous demandons, de faire ouvrir la porte où nous frappons. Car le goût pour ton enseignement nous donne une perception de la connaissance divine, et l’obéissance de la foi nous conduit au-delà de nos modes naturels de juger.
Donne-nous des mots qui signifient : accorde-nous la lumière de l’intelligence, la dignité du discours, la fidélité à la vérité. Ce que nous croyons, donne-nous de le dire. Nous qui, par les prophètes et les apôtres, te connaissons, unique Dieu Père et unique Seigneur Jésus-Christ, donne-nous, face à ceux qui t’ignorent, face à ceux qui te nient, de te célébrer, de louer ta divinité, sans laisser croire à un Dieu solitaire, et de prêcher le Christ sans que nul puisse croire qu’il soit un Dieu illusoire, un Dieu qui n’est qu’un fils adoptif.