Sur Deutéronome 18, 1-22
Jésus, le Médiateur entre Dieu et les hommes, annoncé par Moïse
Saint Cyrille d’Alexandrie
Commentaire sur saint Jean, Livre III, chapitre 3

Moïse dit au peuple : le Seigneur ton Dieu te suscitera, parmi les frères, un prophète semblable à moi (Deutéronome 18,15).
Ici nous est ouvertement annoncé le mystère du Christ. Un sens spirituel affiné le découvre, habilement figuré sous la comparaison établie pat Moïse. Moïse explique lui-même, et sans attendre, le sens spirituel suggéré par la ressemblance qu’il vient d’annoncer, en ajoutant avec sagesse : C’est cela précisément que tu as demandé au Seigneur ton Dieu sur le Mont Sinaï, au jour de l’assemblée, lorsque tu as dit : Nous n’écouterons pas davantage la voix du Seigneur notre Dieu et nous ne regarderons plus ce grand feu, ce serait notre mort.
Moïse affirma avec force qu’alors lui fut assigné un rôle de médiateur, puisque l’assemblée des Juifs était encore incapable de contempler des réalités qui la dépassaient. Le peuple avait donc la prudence de renoncer à ce qui excédait ses forces, et la médiation de Moïse remédiait à l’infirmité des hommes de sa génération : il était chargé de transmettre au peuple les commandements divins.
Mais si tu cherches à découvrir sous cette figure la réalité qui l’accomplit, tu comprendras qu’elle vise le Christ, Médiateur entre Dieu et les hommes : c’est lui qui, avec sa voix humaine, voix reçue d’une femme, transmet aux cœurs dociles la volonté ineffable de Dieu le Père, qu’il est seul à connaître en tant que Fils de Dieu et Sagesse de Dieu, scrutant tout, même les profondeurs de Dieu.
Il fut donc bien, autrefois, la figure du Christ Médiateur, ce Moïse qui transmettait parfaitement aux fils d’Israël les commandements divins. Cependant la médiation de Moïse n’est que la médiation ministérielle d’un serviteur, tandis que la médiation du Christ est innée et se rattache au mystère de sa personne.
C’est, en effet, en vertu de son être même que le Christ atteint les deux termes entre lesquels il est médiateur et auxquels il appartient également, l’humanité d’une part et Dieu le Père de l’autre. Car il est Dieu par nature, en tant que Fils unique de Dieu, non séparé de la substance du Père, mais subsistant en elle, comme il procède d’elle. Il est homme aussi, en tant qu’il s’est fait chair, devenant semblable à nous, afin d’unir à Dieu, dans son être même, ce qui, par nature, était infiniment éloigné de lui.
Ainsi ce Fils qui soutient l’univers par sa parole toute-puissante, comme le dit la Lettre aux Hébreux (1,3), c’est lui qui nous transmet la voix du Père, car il a été constitué par lui Médiateur selon le verset que le psaume (2,6)met dans la bouche du Christ : Il m’a sacré roi sur Sion sa sainte montagne, pour que je proclame les décrets du Seigneur.