Sur Matthieu 17, 1-9
Le Seigneur Jésus devint resplendissant
Saint Augustin
Semons au peuple, OC 16, sermon 78, p. 561s

Notre Seigneur Jésus-Christ devint resplendissant comme le soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la neige, et Moïse et Elie s’entretenaient avec lui. Jésus parut resplendissant comme le soleil pour signifier ainsi qu’il était la lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde. Ce qu’est ce soleil visible pour les yeux de la chair, Jésus l’est pour les yeux du cœur ; ce qu’est ce soleil pour les sens du corps, Jésus l’est pour les sens intérieurs de l’âme. Ses vêtements, c’est son Eglise. Quoi d’étonnant que les vêtements éclatants de blancheur soient la figure de l’Eglise, lorsque vous entendez le prophète Isaïe (1,18) vous dire : Quand vos péchés seraient aussi rouges que l’écarlate, je vous rendrai blancs comme la neige.
Que peuvent Moïse et Elie, la Loi et les prophètes ; s’ils ne s’entretiennent avec le Sauveur ? S’ils ne rendent témoignage au Seigneur, qui lira la Loi, qui lira les prophètes ? Voyez comme l’Apôtre résume en peu de mots cette vérité : La Loi ne donne que la connaissance du péché, mais maintenant la justice que Dieu donne sans la Loi a été manifestée (Romains 2, 20-21) : voilà le soleil ; attestée par la Loi et les prophètes, voilà l’éclat resplendissant.
Pierre, témoin de ce spectacle, se laisse aller comme un homme à des pensées humaines, et dit à Jésus : Seigneur, il est bon pour nous d’être ici. La vie, au milieu de l’agitation du monde, lui était à charge, il avait trouvé la solitude sur cette montagne : il y avait Jésus-Christ pour nourriture de son âme. Pourquoi quitter cette solitude pour retourner au travail et à la souffrance, puisque son cœur brûlait pour Dieu d’un saint amour qui sanctifiait toute sa vie ? Il cherchait son propre bonheur, voilà pourquoi il ajoute : Si tu le veux, je vais dresser trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, une pour Elie. Le Seigneur ne répondit rien à cette demande de Pierre, et cependant elle ne resta point sans réponse : Il parlait encore qu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre. Il demandait à établir trois tentes ; la réponse du ciel lui enseigna qu’il n’y en avait pour nous qu’une seule, celle que la pensée humaine cherche à diviser. Le Christ est le Verbe de Dieu, le Verbe de Dieu dans la Loi, le Verbe de Dieu dans les prophètes. Pourquoi, Pierre, chercher à le diviser ? Ah ! Plutôt, efforcez-vous de vous unir à Lui. Vous demandez trois tentes, comprenez qu’il n’y en a qu’une seule ?