Sur Apocalypse 6, 1-17

L’ouverture du premier sceau

Saint Augustin

Exposition de l’Apocalypse de saint Jean, OC 11, p. 511s

 

Et je vis : c’était un cheval blanc. Celui qui le montait tenait un arc ; une couronne lui fut donnée, et il partit en vainqueur pour vaincre. Le cheval blanc, c’est l’Eglise ; celui qui est monté dessus, c’est le Christ. Le prophète Zacharie (13,3) a prédit longtemps à l’avance ce cheval du Seigneur avec son armure guerrière : Le Seigneur Dieu a visité la maison d’Israël qui est son troupeau, il en fera son cheval de bataille et l’instrument de sa gloire ; c’est de lui que viendra l’arc pour combattre et le guerrier qui poursuit les ennemis. Ce cheval blanc figure les prophètes et les apôtres. Dans ce cavalier couronné qui porte un arc, nous reconnaissons non seulement Jésus-Christ, mais aussi l’Esprit-Saint. En effet, après que le Seigneur fut remonté dans les cieux et qu’il eut révélé tous les mystères, il envoya l’Esprit-Saint dont les paroles, comme autant de flèches dans la bouche des prédicateurs, devaient aller jusqu’au cœur des hommes et triompher de leur incrédulité. La couronne qu’il porte sur sa tête, ce sont les promesses qu’il a faites par l’Esprit-Saint.

Et lorsqu’il eut ouvert le second sceau, j’entendis le second animal dire : Venez et voyez. Il en sortit un autre cheval qui était roux. A celui qui le montait fut donné le pouvoir de ravir la paix de la terre pour qu’on s’entretue : il lui fut donné une grande épée. Contre l’Eglise victorieuse et triomphante sort un cheval roux, c’est-à-dire un peuple méchant et perfide, empruntant à celui qui le monte, le démon, cette couleur de sang. On lui donna une grande épée pour enlever la paix de dessus la terre, c’est-à-dire la paix qui lui est propre, car pour l’Eglise, elle a la paix éternelle que Jésus-Christ lui a laissée. Ainsi donc comme nous l’avons dit, le cheval blanc représente l’Eglise, et son cavalier Jésus-Christ ou l’Esprit-Saint. L’arc qu’il tenait dans sa main, ce sont les préceptes qui ont été dirigés par tout l’univers comme les flèches aiguisées d’un puissant guerrier pour détruire les péchés et stimuler les cœurs des fidèles. La couronne qui est sur sa tête, c’est la promesse de la vie éternelle. Le cheval roux, c’est le peuple mauvais, celui qui le monte, c’est le démon, et ce cheval est roux parce qu’il est couvert du sang d’un grand nombre. On lui donne un glaive aiguisé pour enlever la paix de dessus la terre, c’est-à-dire qu’à l’instigation du démon, les méchants ne cessèrent de soulever entre eux des contestations et des querelles.