Sur Hébreux 10, 26-39

La foi persévérante

Saint Jean Chrysostome

Homélies sur l’épître aux Hébreux, Homélie XX, OC 20, p. 317s

 

Tout arbre qui, après avoir été bien planté et avoir reçu des mains laborieuses du cultivateur tous les soins nécessaires, ne porte pas de fruit, est arraché et jeté au feu. Quelque chose de semblable a lieu à la suite du baptême. Après que Jésus-Christ nous a plantés et que nous avons reçu l’irrigation spirituelle, si nous ne portons aucun fruit, nous sommes réservés au feu de la géhenne, à la flamme qui ne s’éteint pas. Aussi, l’auteur de la lettre aux Hébreux exhorte-t-il à la charité et à la pratique des bonnes œuvres : il y avait engagé d’abord en montrant les moyens utiles pour y parvenir, et ces moyens sont dans la liberté d’entrer dans le sanctuaire, voie nouvelle qu’il vient d’indiquer ; il le fait maintenant par le triste spectacle des conséquences du mal. Après avoir dit juste avant le passage que nous venons d’entendre : Ne désertons pas nos assemblées, comme certains en ont pris l’habitude, mais encourageons-nous et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le Jour. Ces paroles étaient suffisantes pour encourager, et pourtant il ajoute : Si nous péchons délibérément après avoir reçu la pleine connaissance de la vérité. C’est qu’à son avis, les bonnes œuvres sont nécessaires et qu’elles sont indispensables. Car, si nous péchons délibérément après avoir reçu la pleine connaissance de la vérité, il ne reste plus pour les péchés aucun sacrifice. C’est dire : Vous avez été purifiés, délivrés de toutes les souillures, vous êtes enfants de Dieu. Si vous retombez dans vos désordres d’autrefois, vous êtes de nouveau voués à être déshérités, envoyés au feu, et à bien des châtiments : il n’y a plus désormais de victime nouvelle pour le sacrifice ! Ici se dressent contre nous ceux qui voudraient abolir la pénitence et tous ceux qui hésitent à demander le baptême. Ceux-ci prétendent qu’on ne saurait voir une garantie dans le baptême, s’il est vrai qu’il n’y a pas une seconde rémission, ceux-là que la participation aux mystères n’offre aucune sureté à ceux qui ont péché, s’il n’y a pas une seconde rémission. Que répondre aux uns et aux autres ? Que l’auteur ne parle pas ici en ce sens, qu’il ne proscrit ni la pénitence, ni la propitiation qu’elle engendre, qu’il ne repousse pas, qu’il ne plonge pas dans le désespoir celui qui est tombé en faute : il n’est pas à ce point l’ennemi de notre salut ; il interdit seulement un second baptême. Il ne dit pas : il n’y a plus de pénitence, il n’y a plus de rémission ; mais il dit : il n’y a plus de victime, c’est-à-dire il n’y a plus de sacrifice de la croix. C’est ce qu’il indique par le mot victime : Par l’oblation d’une seule victime, il a rendu parfaits à jamais ceux qu’il a sanctifiés.