Sur Apocalypse 21, 9-27

La Jérusalem nouvelle

 

Père Eugenio Corsini

L’Apocalypse maintenant, p.283s

 

La réalité que Jean désigne sous le nom de Jérusalem nouvelle consiste essentiellement dans l’habitation de Dieu avec les hommes. Dès lors, vouloir préciser si la nouvelle Jérusalem est située dans l’histoire ou dans l’éternité, c’est se fourvoyer. La perspective de Jean est théologique et ne prend pas appui sur l’opposition, propre à une certaine apocalyptique, entre présent et futur. Elle est centrée sur la venue messianique du Christ, où Jean reconnaît l’achèvement du plan de Dieu. S’il faut parler d’un avant et d’un après, ou selon une formule reçue, d’un déjà et d’un pas encore, on peut le faire seulement par rapport à l’aboutissement qu’est la Pâque de Jésus.

Dans cette perspective, ce qui est visé par Jean, c’est que la relation des hommes avec Dieu a radicalement changé grâce à l’œuvre du Christ. Avant, cette relation était compromise et l’homme n’avait pas accès à la vie divine, qui est vie éternelle. Après, la relation est rétablie : l’homme peut avoir part à la vie même de Dieu. Et non seulement par-delà la mort, comme c’était possible à titre exceptionnel avant la venue de Jésus, mais dès l’existence terrestre. Par rapport aux hommes, Dieu est désormais « Dieu avec eux », il a mis sa tente au-milieu d’eux et ils sont devenus ses peuples.

Telle est, en substance, la réalité nouvelle que le Christ a inaugurée. Pour faire entrevoir l’intensité et l’intimité du lien qui a été rétabli entre Dieu et les hommes, Jean reprend l’image des noces (19,9), commune à d’autres écrits du Nouveau Testament. Dans l’Apocalypse, cette image pourrait être dite archétypale. D’elle dérive, en effet, le symbole de la « femme », dont le rôle est marquant dans la structure symbolique du livre. En ce symbole, le lien entre Dieu et l’humanité est conçu comme le lien qui unit l’homme et la femme, avec les divers aspects que cela comporte : fidélité ou infidélité, fiançailles, noces, banquet de noces, cohabitation. Ce n’est pas un hasard si les symboles de type nuptial (fiancée, épouse, noces, tente) s’amoncellent dans la partie finale du livre, qui célèbre le rétablissement plénier de la relation de Dieu avec les hommes.