Sur 1 Samuel 3, 1-21

« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute »

 

Anonyme

L’appel de Dieu à Samuel, BVC 91, p. 8s

 

L’appel se fait entendre la nuit, en dehors des heures de service. A trois reprise, le Seigneur appela Samuel. Dans sa simplicité hiératique et sous une formulation assez elliptique, le récit suggère une conception très vive et profonde de la vocation de l’homme par Dieu et du dialogue qui s’instaure entre eux. Avant de nous dire, de nous prescrire quoi que ce soit, Dieu nous interpelle chacun par notre nom. Tout un temps, nous ne pouvons le percevoir sans savoir que Dieu nous parle personnellement. Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée. A ce premier stade déjà, nous sommes dérangés dans notre horaire ; peut-être, comme Samuel, préfèrerions-nous dormir la nuit et poursuivre le lendemain notre train-train quotidien, garder l’anonymat d’une existence bien réglée. Mais Dieu insiste et l’appel se répète : Samuel, Samuel, nous réveillant à plusieurs reprises, nous éveillant à notre identité propre.

 

Samuel pourrait faire la sourde oreille. Au contraire, il l’a fine, et le cœur prompt. Il répondit : Me voici ! Et il courut près d’Héli. Il ne réalise pas que c’est Dieu qui lui parle, mais déjà il lui obéit par sa disponibilité envers Héli. Et nous, sans doute aurions-nous tort de mépriser les médiations par lesquelles continue de passer pour nous une exigence peut-être préalable à une obéissance plus personnelle. Dieu, cependant, ne s’identifie à aucun ordre établi, fût-il un jour institué par lui, et il ne nous astreint pas au rôle de conservateurs respectueux de principes qu’il aurait jadis édictés une fois pour toutes. Il attend davantage de nous que l’exécution ponctuelle d’un cérémonial ou d’autres obligations. Il nous veut témoins, artisans de l’évènement sans cesse nouveau de sa parole dans notre histoire. Dieu parle aujourd’hui encore directement à chacun de nous comme à Samuel. Avons-nous l’audace de le croire ?