Sur 1 Rois 8, 22-34 . 54-61

« Mais Sion chacun lui dit : Mère ! Car en elle, chacun est né »

Père Gino Bressan

La prière de Salomon pour les étrangers, AS 40, p. 57s

 

Salomon adresse à Dieu une longue prière le jour de la Dédicace du nouveau Temple qu’il vient de faire construire. Il commence par prier pour lui-même : que Dieu se souvienne de sa promesse à David, et que le trône d’Israël ne soit jamais dépourvu d’une descendance du grand roi. Il prie ensuite pour le peuple :que Dieu l’exauce en toutes circonstances, puis pour les étrangers.

Deux termes désignent l’étranger en hébreu : le premier terme signifie Celui qui vient d’ailleurs, l’immigré venu s’installer en Israël, le second signifie l’étranger proprement dit, celui qui n’est pas frère de race, celui qui vient d’une terre étrangère et ne songe pas à s’y installer définitivement.

L’étranger, celui qui n’est pas frère de race, peut donc, lors de son séjour en Israël, entendre parler de Dieu, de sa main forte et de son bras étendu, pour évoquer l’intervention du Dieu d’Israël lorsqu’il délivra son peuple de l’esclavage égyptien. Les Philistins avaient eu connaissance au moins confusément de cet événement, et avant eux les Cananéens de Jéricho. Ces derniers, dans leur ensemble, tentèrent de s’opposer à Dieu, tandis que la prostituée rejoignit son peuple.

Salomon a la certitude que, dans l’avenir, les « étrangers proprement dits » entendront parler du Dieu d’Israël. Isaïe annonce que les Ethiopiens seront du nombre : En ce temps-là, des offrandes seront apportées à Dieu Sabaot de la part de peuple élancé et bronzé vers le lieu où réside le nom de Dieu, sur le mont Sion. Et il entreverra, dans l’avenir, un plus vaste mouvement de peuples étrangers ; de fait, après l’exil de Babylone, des fils d’étrangers se sont attachés à Dieu pour le servir et pour aimer son nom. Et Dieu leur a fait cette promesse : Je les conduirai dans ma maison de prière, car ma maison de prière s’appellera maison de prière pour tous les peuples.

Salomon, dans sa prière pour l’étranger, demande à Dieu : Ecoute-le au ciel où tu résides. Israël a toujours cru  que la prière peut monter sur le trône de Dieu : Il entendit de son palais céleste ma voix, mon cri parvint à ses oreilles, disait David. Mais il surtout s’arrêter au motif qui, selon Salomon, doit amener Dieu à exaucer la prière de l’étranger : Afin que tous les peuples de la terre reconnaissent ton nom et te craignent comme fait ton peuple Israël.

Cet universalisme reste encore ici « centripète », en ce sens qu’il a Jérusalem et le Temple comme centre. Il faudra qu’il s’ouvre à de plus larges perspectives où la Ville et son sanctuaire n’auront plus cette place centrale.