sur 1 Rois 8, 1-21

Recevoir le Christ

Saint Augustin

Sermons 103, chapitre 1, OC 17, p. 128s

 

Marthe, Marie et Lazare formaient une famille unie, non seulement par le sang, mais par la religion. Tous les trois étaient attachés au Sauveur, et les deux sœurs dévouées d’un commun accord à le servir pendant les jours de sa vie mortelle. Marthe le reçut comme on reçoit un hôte ; toute fois, c’était la servante qui recevait son Seigneur, un malade qui recevait son Sauveur, la créature qui recevait son Créateur. Elle reçut Celui à qui elle devait donner la nourriture du corps et qui devait lui-même la nourrir spirituellement. Le Seigneur voulut prendre la forme d’esclave, recevoir la nourriture de ses serviteurs, par un effet de son condescendance plutôt que par une nécessité de sa nature. C’est par un acte de bonté qu’il consentit à être nourri par les hommes. Il avait sans doute une chair soumise à la faim et à la soif, mais ne savez-vous pas que lorsqu’il eut faim dans le désert, les anges vinrent pour le servir. S’il consent à être nourri, c’est sans doute une grâce qu’il fait à celui qui subvient à sa nourriture. Est-il surprenant qu’il ait accordé comme une faveur à la veuve de Sarepta de nourrir le saint prophète Elie qu’il nourrissait auparavant par le moyen d’un corbeau ? Etait-il donc dans l’impuissance de le nourrir, lorsqu’il l’adressait à cette veuve ? Non, sans doute, ce n’était point impossibilité de le nourrir autrement, mais il préparait ainsi cette sainte veuve à recevoir ses bénédictions, en récompense du service qu’elle rendait à son serviteur. Notre Seigneur a donc été reçu comme un hôte qui vient dans ce qui est à lui et qui n’a pas été reçu par les siens ; mais tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, en adoptant ses serviteurs pour les rendre ses frères, en rachetant les captifs pour en faire ses cohéritiers. Et que personne ne vous dise : Heureux ceux qui ont reçu Jésus Christ dans leur maison. Non, ne vous plaignez point, ne murmurez point de ce que vous êtes nés dans les temps où vous ne pouvez voir le Seigneur dans sa chair mortelle, car vous n’êtes point privés de cette faveur : Toutes les fois, dit-il, que vous l’avez fait à l’égard d’un de ces petits qui sont à moi, c’est à moi que vous l’avez fait.