sur 1 Samuel 17,57 – 18,30

Le combat singulier

Père Roland de Vaux

Bible et Orient, p. 217s

 

Les Philistins et les Israélites sont rangés face à face. Un Philistin sort des lignes, un géant armé comme une panoplie, et il propose le combat : Choisissez-vous un homme et qu’il descende vers moi. S’il l’emporte en luttant avec moi, et s’il me tue, alors nous serons vos serviteurs ; si je l’emporte sur lui, et si je le tue, alors vous deviendrez nos serviteurs, vous nous serez asservis. Le sens est clair : un combat entre deux champions doit mettre fin à la guerre et régler le sort des deux peuples. Le Philistin fait montre de toutes ses armes et dit : Ne suis-je pas, moi, le Philistin, et vous n’êtes-vous pas les serviteurs de Saül ? De là à des insultes, il n’y a qu’un pas qui est franchi lorsque les deux adversaires s’affrontent. Le Philistin accuse David de le traiter comme un chien, le maudit par ses dieux et dit : Viens vers moi que je donne ta chair aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs ! David, le héros pur, ne répond qu’en affirmant sa confiance en Dieu, maître du combat et Dieu en Israël, c’est la note théologique du combat, mais en promettant cependant au Philistin le sort ignominieux que celui-ci lui réservait. Le combat s’engage, rapide et merveilleux : David abat le géant avec une pierre de fronde et l’achève avec sa propre épée. Les Philistins, voyant que leur champion est mort, s’enfuient, les Israélites les poursuivent et un font un grand massacre. Le combat singulier a vraiment décidé de la bataille, sinon du sort des deux peuples.

L’adversaire de David est appelé « le champion ». Même si cette expression reste obscure, on l’explique ordinairement comme l’homme qui s’avance pour combattre entre les deux fronts de bataille, l’homme d’un combat singulier. Ce terme exceptionnel dans la Bible s’est retrouvé dans la Règle de la guerre à Qumrân, à 13 reprises ! Dans les textes anciens et jusque après le règne de David, ce mot s’applique à un guerrier d’une valeur reconnue, généralement désigné nommément, un héros, un preux. Cela n’empêcha pas David de vaincre ce champion, avec l’aide de Dieu : car Dieu est le maître du combat.