Sur 1 Rois 12, 1-19

L’assemblée de Sichem

Daniel-Rops

L’Histoire Sainte, le peuple de la Bible, p. 210s

 

Vers la fin du règne de Salomon, un incident révélateur annonçait les graves crises futures. Un certain Jéroboam, de la tribu d’Ephraïm, avait  été placé par le roi comme surintendant des travaux dans son pays. Fils d’une pauvre veuve, arrivé seul à cette haute place, il céda à l’ambition et prépara une révolte dont le caractère social ne saurait faire de doute. Il ne réussit pas dans son entreprise, la police salomonienne réprima son mouvement, mais, réfugié en Egypte, il attendit son heure, c’est-à-dire la mort du roi.

Roboam succéda à son père : succession légitime, il était bien le fils de Salomon, mais enfant d’une Ammonite, il était un demi étranger. Plus grave encore, c’était un imbécile qu’entouré de jeunes fous ! Les tribus du midi l’acceptèrent sans réticence ; mais celles du nord profitèrent des circonstances pour poser des conditions. Quand le nouveau souverain se rendit à Sichem, l’antique sanctuaire patriarcal, pour s’assurer des sentiments qu’on y avait, il y trouva des délégations chargées de doléances. Et, ce qui ne présageait rien de bon, le porte-parole des mécontents n’était autre que le révolutionnaire Jéroboam, revenu d’Egypte à l’annonce du décès royal.

Avec un peu de doigté, le jeune roi aurait pu se sortir du mauvais pas. Mais il fit preuve d’une parfaite inintelligence. Ce qu’on lui demandait n’avait rien d’inadmissible : Ton père a rendu bien dur notre joug. Toi, désormais, allège cette lourde servitude, et nous te serons fidèles. Roboam n’a même pas l’excuse d’avoir cédé à un mouvement d’humeur : il prit trois jours, consulta les conseillers de son père, mais aussi demanda leur avis aux garçons de son âge, se rangea à l’opinion de ces derniers qui était pour la manière forte : Mon père a rendu votre joug pesant ? Eh bien ! Moi, j’y ajouterai encore du poids. Mon père vous a châtiés avec des fouets ? Eh bien ! Moi, je taperai sur vous avec des lanières armées de métal.

            Le résultat de cette habile politique ne se fit pas attendre… le vieux chant révolutionnaire qui courait les tribus du nord retentit par les collines : Qu’y a-t-il de commun entre nous et David ? Nous ne sommes pas de l’héritage de Jessé ! A tes tentes, Israël, à tes tentes ! Et toi, David, maintenant balaie donc ta maison ! La scission fut consommée l’année même de la mort de Salomon. Tandis que le sud, demeurant fidèle au fils du roi légitime, constituait un petit état, les dix tribus du nord proclamèrent roi Jéroboam, l’ancien rebelle.