Sur 2 Rois 3, 8-37

Basile de Séleucie

 

Elisée et la Sunamite

Le Saint prophète Elisée d’après les Pères de l’Eglise, p. 45s

 

Parmi les prophètes, certains Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et les douze prophètes ont annoncé le Christ par la parole, d’autres, Elie le Tishbite et Elisée son disciple l’ont préfiguré par leurs œuvres. Pourquoi ce n’est pas par la prière qu’Elisée a rendu la vie au fils de la Sunamite, mais en s’étendant lui-même sur le corps inanimé de l’enfant ? Pourquoi ce geste et non la prière ? Cela lui arrivait pour servir d’exemple, et a été écrit pour notre instruction, à nous qui touchons à la fin des temps.

De qui donc Elisée, la Sunamite et son fils mort sont-ils les figures respectives ? Elisée est la figure du Christ tandis que le fils représente le peuple des nations mort du fait de ses péchés. Lorsque vint l’Elisée spirituel, il trouva mort le corps tout entier : la bouche, les yeux, les mains, les pieds… morte la bouche, incapable de s’ouvrir pour la louange de Dieu, mais qui disait au bois : Tu es mon Père !, et à la pierre : C’est toi qui m’as engendré ! Morts les yeux qui ne reconnaissent pas le Dieu de l’univers et servaient la créature au lieu du Créateur. Les mains aussi étaient mortes, qui apportaient des offrandes aux démons, et morts les pieds qui fléchissaient pour adorer le diable… Le corps tout entier était corrompu, il avait besoin d’un médecin puissant, un médecin capable même de réveiller les morts. il est venu le médecin incomparable, l’Elisée spirituel, le Christ-Seigneur : il a trouvé le corps plongé dans la mort. Et qu’a-t-il fait ? Il s’est uni lui-même au corps par tout son être. Qu’est-ce à dire sinon que la plénitude de la divinité a totalement assumé notre humanité en laquelle, dit l’Apôtre, a habité corporellement la plénitude de la Divinité. Ses yeux, ses mains, ses pieds, étaient en tout ceux de l’homme. Ce n’était pas seulement une apparence, mais sa véritable nature. En effet, il n’a pas considéré comme une proie d’être l’égal de Dieu, mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur. La Vie a revêtu la mort pour lui transférer sa propre immortalité. En prenant corps, la Divinité sanctifiait tous les membres et les convertissait. C’est ainsi que la bouche a appris à dire : Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche publiera ta louange. Les yeux furent formés à la louange de Dieu : Les yeux de tous sont tournés vers toi, ils espèrent et tu leur donnes la nourriture au temps voulu. Les mains, levées vers Dieu, bénissent le Seigneur ; les pieds se tenant dans l’Eglise, eux aussi rendent grâce. Tu évoques la louange des membres extérieurs : qu’en est-il de ceux qui sont intérieurs ? Restent-ils indifférents ? Certainement pas ! Mais l’âme, au contraire, avec toutes les facultés intérieures s’écrit vers son Seigneur : Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être !