sur Isaïe 30, 1-18

« Dans la conversion et le calme était le salut »

 

Saint Augustin

Le livre de la foi à Pierre ou de la Règle de la vraie foi, OC 22, p. 394s

 

Le temps de cette vie est le temps que Dieu a donné aux hommes pour mériter la vie éternelle, et il a voulu aussi que la pénitence y fût méritoire. Sur terre, la pénitence porte des fruits de vie, parce que l’homme peut quitter sa malice et bien vivre, changer sa volonté mauvaise avec ses œuvres, et opérer alors avec la crainte de Dieu les œuvres qui lui sont agréables. Celui qui ne fera pas pénitence en cette vie aura à faire pénitence en l’autre vie, mais il ne trouvera plus de miséricorde auprès de Dieu ; il portera bien dans son cœur l’aiguillon du repentir, mais sans qu’il puisse corriger sa volonté. Les réprouvés se reprocheront amèrement leur iniquité, mais sans pouvoir jamais aimer et désirer la justice. Ils auront une volonté, mais ce sera la volonté du mal qui portera son supplice avec elle, sans pouvoir la tourner vers l’amour du bien. Ainsi ceux qui règneront avec le Christ, ne conserveront aucun vestige de mauvaise volonté ; ceux qui seront condamnés  n’obtiendront jamais de repos. Les cohéritiers de Jésus Christ obtiendront la perfection de la grâce pour la gloire éternelle ; mais les compagnons du démon, jetés dans les ténèbres extérieures, ne verront en eux-mêmes aucune lueur des lumières de la vérité.

Tout homme peut donc faire utilement pénitence en cette vie, quelque pécheur qu’il soit, quel que soit son âge, pourvu qu’il renonce de tout son cœur aux péchés passés ; s’il les pleure en la présence de Dieu, non seulement avec les larmes du corps, mais avec celles du cœur, et s’il a soin de laver les taches d’iniquité par les bonnes œuvres, il obtiendra le pardon de toutes ses fautes. Le Seigneur nous fait cette promesse par le prophète en disant : Si tu te convertis et si tu guéris, tu seras sauvé. Il est dit encore : Mon fils, tu as péché, arrête-toi et prie pour tes fautes passées afin qu’elles soient pardonnées. Jamais la prière n’eut été recommandée au pécheur si la prière n’obtenait pas le pardon. Mais la pénitence est surtout utile au pécheur, lorsqu’il l’accomplit dans l’Eglise ; c’est à elle que Dieu a donné à Pierre le pouvoir de lier et de délier, en disant : Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel, ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. Il est donc certain que l’homme, à quelque âge qu’il fasse pénitence, et qu’il redresse sa vie sous l’inspiration de la grâce, ne sera point privé du bienfait de la miséricorde, parce que Dieu, suivant la parole du prophète, ne veut pas la mort du pécheur, pourvu qu’il revienne de sa mauvaise voie  et que son âme vive.