Sur 2 Rois 24,20b – 25,13.18-21

Dieu contre son peuple ?

Daniel Lys

Aujourd’hui la Bible, p. 6s

 

Souvent le peuple de Dieu avait failli être détruit. En 701, lorsque les ennemis de l’époque, les Assyriens, avec Sennachérib à leur tête, avaient assiégé la capitale, et qu’Isaïe, le prophète de Jérusalem, déclarait au roi de Juda, Ezéchias, qu’il n’y avait rien à craindre et que la ville serait sauvée, la ville n’avait pas été prise.

Malheureusement, au lieu de comprendre cette délivrance comme une grâce imméritée, on l’avait transformé en dogme : le dogme de l’inviolabilité de Jérusalem. On avait ligoté Dieu avec un dogme : Dieu ne peut pas laisser prendre sa ville. D’autant plus qu’en 621 le pieux roi Josias avait décrété qu’au seul Temple de Jérusalem désormais pourrait être accompli le sacrifice. Comment Dieu pourrait-il laisser détruire le seul lieu au monde où peut être célébré le culte ? Et maintenant c’est fait, la ville est prise, les notables sont déportés avec le roi Joiakîn, et la religion n’a pas de sens.

Ce n’est pas possible, tout n’est pas perdu ! C’est bien connu, et universellement accepté : un dieu et son peuple ont parti lié, un dieu subit le même sort que son peuple : si un peuple est vaincu, c’est que son dieu est moins fort que le dieu du vainqueur. Si Juda est détruit, ce n’est pas malgré son Dieu, mais à cause de son Dieu, dit Jérémie, jusqu’à prétendre que Dieu se sert du tyran étranger comme de son serviteur, un titre qu’on verrait mieux appliquer au Messie libérateur.

En attendant, c’est la mort ; rien, à vues humaines, ne laisse prévoir la fin des empires et de la tyrannie. Nous, nous savons que Jérusalem sera rebâtie ; nous savons aussi qu’au bout de 37 ans de captivité, le roi de Babylone a transformé de prisonnier en hôte  le sort de Joiakîn ; nous savons qu’un prophète anonyme, vers 546, annoncera aux déportés la fin de leur servitude. La défaite politique et militaire était la punition d’un Dieu qui refuse qu’on se serve de lui au lieu de le servir. Le pardon signifiera le relèvement du peuple et la restauration du pays. Cependant, le peuple, en 598-587, ne le sait pas ; il demande seulement : si ce peuple de Dieu est mort, est-ce le signe que Dieu est mort ?