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Sur Ezéchiel 16,3-19.35-43.59-63

Histoire symbolique d’Israël

Père Pierre Buis

Un constat d’adultère pas ordinaire, Ezéchiel 16, ETR 53, p. 502s

 

C’est le prophète Osée qui a eu le premier l’idée de comparer Israël à une épouse infidèle. Tous les prophètes ont repris cette image, Ezéchiel plus que quiconque. Dans le chapitre 16 dont nous venons de lire l’essentiel, il nous donne la version la plus complète des amours dramatiques du couple Dieu-Jérusalem, Dieu et son peuple. Dans un grand réquisitoire, on retrouve les articulations classiques des prophètes pour dénoncer la rupture de l’Alliance entre Dieu et son peuple.

Cela commence par une belle histoire avec la naissance de la belle et son mariage. Pourtant tout avait mal débuté : Le jour de ta naissance, on t’a jeté dans les champs. Le Deutéronome est nettement dépassé lui qui affirmait : Tu es le moindre de tous les peuples. Israël, c’est le peuple dont personne ne voulait, un  peuple qui n’avait aucune chance de survie et qui n’existe que par la grâce de Dieu.

La fille abandonnée, Jérusalem, grandit seule dans la nature ; elle est épousée par Dieu : Dieu étend sur elle le pan de son manteau, geste qui constituait en Israël une déclaration publique du choix d’une épouse. Dieu procède à l’habillement de son épouse, la pare comme une reine.

Suivant la logique de cette parabole, Jérusalem est accusée de se prostituer : le vrai grief est que Jérusalem s’est vendue, et même donnée aux autres nations par des alliances où l’essentiel des valeurs d’Israël était sacrifié aux besoins d’une politique à courte vue ; de plus, elle s’est donnée aux dieux de ces nations lesquels semblaient plus efficaces, plus « rentables » que le Dieu d’Israël.

Pour tout cela, Dieu veut punir, infliger à Jérusalem un châtiment. La sentence est exécutée par les amants mêmes de Jérusalem ! L’exécution de Jérusalem infidèle sera un exemple pour les autres femmes ; la condamnation est présentée comme un règlement de compte entre le mari trompé et la femme, et donc entre Dieu et Israël. Mais Dieu est un Dieu vivant avec lequel on noue des relations de personne à personne ; sa colère et sa jalousie ne sont que l’envers d’un amour qui ne pourra jamais oublier les heures de tendresse vécues dans le passé et qui fera l’impossible pour les faire revivre. En lisant que Dieu assouvira sa colère jusqu’à ce qu’elle s’apaise, on sait déjà que le dernier mot n’est pas dit avec la destruction de Jérusalem, car l’amour brisé, l’amour bafoué par l’épouse volage peut être recréé ; Dieu va se rappeler de sa première Alliance avec son peuple, il va la remettre debout : cette nouvelle réalisation de l’alliance aura pour effet de rendre Israël conscient de ses fautes. Une telle prise de conscience n’est pas la condition du pardon de Dieu et de la restauration du peuple : elle en est la conséquence.