Fête de la dédicace de la cathédrale de Tarbes, 2° lecture

Sur 1 Pierre 2,1-17 ou Apocalypse 21,9-27

Nos églises, manifestations du genre de vie d’Eglise

 

Père Louis Bouyer

Architecture et Liturgie, p. 11-13

 

La communauté des croyants est tributaire des formes de prière et de culte du passé, mais pas d’un passé mort. C’est un héritage de vie. Il doit, en premier lieu, être reconnu comme tel dans les documents du passé pour demeurer toujours fructueux et actif, et, si besoin est, créateur dans le présent et pour l’avenir.

Dès que nous considérons les monuments liturgiques du passé à cette lumière, nous pouvons comprendre la richesse immense, et non moins la vaste marge de liberté que la tradition catholique met à notre disposition. Mieux, nous connaissons et nous comprenons de l’intérieur, pour ainsi dire, la puissance créatrice de l’Esprit qui  s’est manifestée dans les formes liturgiques dont nous avons hérité, plus vite nous découvrons que, loin d’avoir à rompre avec la tradition pour répondre aux besoins de notre temps, c’est en en retrouvant la plénitude que nous serons le plus libres et le plus capables d’y parvenir. Cela, cependant, présuppose toujours que nous considérons les formes liturgiques, non pas telles qu’elles ont pu devenir à un moment où elles n’étaient pas comprises et où elles avaient cessé d’être l’objet d’une participation intelligente, active, féconde de la part des fidèles, mais telles qu’elles étaient dans leur première fraîcheur.

La liturgie nous apparaîtra alors pour ce qu’elle est en réalité : une vie commune dans l’Esprit, une vie commune de Dieu avec les hommes. C’est en la vivant que les hommes deviennent un entre eux en devenant un avec Dieu dans le Christ.

C’est ici que l’architecture fait son entrée. Car, en définitive, la liturgie n’est rien d’autre que le rassemblement de l’humanité dans la maison du Père. C’est cette fête des Noces de l’Agneau à laquelle tous sont appelés pour être réconciliés dans le Corps de son Fils unique, et en même temps avec le Père et entre eux. Ici, tous les enfants dispersés doivent se rassembler  et s’unir enfin dans l’Epouse du Christ, l’Eglise.

Les édifices où nous le faisons, bien que n’étant que des tabernacles provisoires sur la route de notre pèlerinage vers le Temple du ciel, doivent fournir pour ainsi dire le cadre visible de l’Eglise, et, dans cette mesure, ils peuvent être à bon droit appelés « églises ». Ce sont sur terre de vraies maisons de Dieu avec son peuple. Où l’esprit des hommes est-il plus apparent que dans les demeures qu’ils construisent pour abriter leur vie ? Ainsi, c’est la manière dont nous construisons nos églises qui constituera la manifestation par excellence du genre de vie d’Eglise, de la vie commune dans le Corps du Christ, qui sera nôtre.