Sur Jean 20, 2-8

Le matin de Pâque

Saint Augustin

Sermon 244, OC 18, p. 258s

 

Marie-Madeleine cherchait Jésus, mais elle cherchait son corps comme le corps d’un homme qui était mort ; elle l’aimait cependant comme un maître plein de bonté. Elle ne comprenait point, elle ne croyait point qu’il fût ressuscité d’entre les morts, et, voyant ôtée la pierre qui fermait l’entrée du tombeau, elle crut qu’on avait enlevé le corps qu’elle cherchait, et vint annoncer aux disciples cette triste nouvelle. Deux d’entre eux, Pierre et Jean, accoururent au tombeau. Jean était celui que Jésus aimait plus que les autres. Ils coururent donc pour voir s’il était vrai, comme le disait cette femme, qu’on eût enlevé le corps du tombeau. Aussitôt arrivés, ils regardèrent attentivement, ne trouvèrent pas le corps, et ils crurent. Que crurent-ils ? Ce qu’ils n’auraient pas dû croire. Lorsque vous avez entendu ces paroles : Ils crurent, vous avez pensé peut-être qu’ils avaient cru ce qu’ils devaient croire, c’est-à-dire que le Seigneur était ressuscité d’entre les morts. Non, ce n’est point là ce qu’ils crurent, mais ce que leur avait annoncé Marie-Madeleine. Et vous avez la preuve que telle fut leur croyance dans ce qu’ajoute immédiatement l’évangile : Car ils ne savaient pas encore ce qui est dit dans l’Ecriture : qu’il fallait qu’il ressuscitât d’entre les morts. Où est ici leur foi ? Où est la vérité à laquelle ils ont si souvent rendu témoignage ? Est-ce que le Seigneur Jésus lui-même ne leur avait pas dit bien des fois, avant sa passion, qu’il serait livré, mis à mort, et qu’il ressusciterait ? Il parlait encore à des sourds. Pierre avait déjà fait cette confession : Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant ! Et il avait entendu le Sauveur lui répondre : Tu es heureux, Simon, fils de Jean, car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elles. Cette foi magnifique fut comme anéantie par la mort du Seigneur sur la croix. Pierre crut que Jésus était le Fils de Dieu jusqu’à ce qu’il le vit attaché à une croix, percé de clous, mort et enseveli. C’est alors qu’il perdit la foi qu’il avait conservée jusque-là. Qu’est devenue cette pierre ? Où est la fermeté de cette pierre ? La pierre véritable, c’était Jésus-Christ, et Pierre devait cette fermeté à la pierre elle-même. La pierre était ressuscitée pour affermir Pierre, car il était perdu si la pierre véritable n’avait passé de la mort à la vie.