sur Actes 6,8 – 7,44-60

Le témoignage d’Etienne

Père R. Poelman

Saint Etienne Proto-martyr, VS 109, p. 564s

 

La proposition des Douze plut à l’assemblée et l’on choisit sept hommes pour le service des tables. Le premier nommé est Etienne ; nous apprenons de lui, comme toute première caractéristique, que c’est un homme rempli de foi et d’Esprit Saint. Après l’imposition des mains par les apôtres sur ces sept hommes, les Actes des Apôtres nous montrent Etienne aussitôt à l’œuvre : Rempli de grâce et de puissance, il opérait de grands prodiges et signes parmi le peuple. L’Esprit communique à Etienne le pouvoir de Jésus ; les miracles sont là comme des signes qui doivent aider à passer à l’autre monde qu’Etienne annonce et qui a commencé avec la Pâque de Jésus : c’est un homme rayonnant, livré à Dieu, et, pour ce motif, comblé de Dieu.

             Quelle est sa doctrine ? La nouvelle religion, en Esprit et en Vérité, celle de Jésus. Le Temple ? C’est la Maison de Dieu, mais il ne faut pas s’attacher aux pierres. Le sabbat ? il sert à exprimer la religion, mais le Fils de l’homme est le maître, même du sabbat. Voilà qui est exaspérant pour les Sadducéens, les hommes du sacerdoce et du temple ! C’est exaspérant pour les Pharisiens qui ont tant compliqué le sabbat ! Etienne réussit, comme Jésus, à rallier contre lui ceux-là même qui étaient divisés entre eux !

Essayons de nous mettre à la place des juges et dans la mentalité du peuple. Le Temple ? N’est-ce pas le lieu et comme le signe de la religion d’Israël ? Détruire le Temple, n’est-ce pas détruire la religion ? Qu’elle était imprudente cette parole que Jésus avait prononcée un jour ; quelle insolence que celle de ce disciple qui recommence à répandre ces doctrines ! Oui, le Temple de pierres était lieu sacré, Jésus l’avait vénéré, y avait célébré la liturgie. Mais le Temple est aussi une perpétuelle tentation de chosifier la religion, de la couper de sa transcendance, de mettre la main dessus, de la posséder. Dieu n’est pas dans les pierres comme il n’est pas dans les textes : il est dans les cœurs vivants.

Pendant qu’on le lapide, Etienne prie. Après le témoignage de l’action, de la parole, c’est le témoignage par la prière et par la passion. Et voici que tous entendent monter du cœur d’Etienne ce doux gémissement : Seigneur, reçois mon esprit. L’abandon suprême du disciple rejoint celui de son Maître.