Sur Isaïe 27, 1-13

Le siège et le salut d’Israël

Saint Théodoret de Cyr

Commentaire sur Isaïe, tome 2, SC 295, p. 221s

 

Le beau vignoble ! Son désir ! Donnez le signal contre lui ! Ici de nouveau, le prophète annonce le siège de Jérusalem et la ruine des Assyriens. A l’aide d’une personnification, il met en cause la ville elle-même et lui fait dire : « Je suis un beau vignoble qui a Dieu pour vigneron ; je suis si florissante et si belle, que bien des gens ambitionnent de me posséder ».  Moi, cité forte, cité investie ! Mes remparts, dit-elle, ne me procurent aucune sécurité, puisque de tous côtés les ennemis m’encerclent.

             En vain, je l’abreuverai : elle sera prise de nuit, c’est de jour qu’elle tombera, car il n’y a pas de rempart qui l’entoure. En vain, je l’abreuverai, il s’agit de l’armée qui m’assiège. Je l’abreuverai sur le champ grâce à mon repentir et à ma prière ardente, car la ville n’a pas le rempart de la piété pour la garder. Voilà pourquoi c’est de nuit et sans intervention humaine qu’elle est décimée, tandis que c’est de jour que les fuyards trouveront la mort.

             Qui me placera pour garder le chaume dans le champ ? A cause de cette armée ennemie, je me suis révoltée contre elle. Le texte prophétique montre que la cité demande dans sa prière de voir l’armée ennemie étendue comme un chaume privé de ses épis. C’est une prière, dit-il, qui a provoqué cet incroyable prodige : le prophète l’a enseigné par ce qui suit : C’est donc pour cette raison que le Seigneur a fait tout ce qu’il avait décidé. D’autre part, il est dit qu’elle s’est révoltée, puisque le roi Ezéchias n’a pas acquitté le tribut habituel. Je suis entièrement consumée, crieront ceux qui habitent en elle, c’est-à-dire dans l’armée. Tel est le coup qui leur a été porté.

             Puis, ils vont s’exhorter mutuellement à se concilier Dieu par leur repentir : Faisons la paix avec lui, faisons la paix, nous les arrivants. Réconcilions-nous avec le Maître, faisons cesser son irritation contre nous en changeant de vie. On montre ensuite le fruit de ce repentir : Les enfants de Jacob grandiront, Israël fleurira et le monde sera rempli de son fruit. Non seulement vous serez délivrés de ce siège, dit-il, mais encore vous ferez croître pour le monde le fruit du salut. Or, il fait voir par là non seulement le Christ, notre Maître qui est sorti d’eux selon la chair, mais aussi les saints apôtres, et d’une façon générale tous ceux des Juifs qui ont cru : c’est par eux que le monde a reçu le salut.