Sur Isaïe 11, 1-10

La Nativité du Seigneur

Saint Bernard

Premier sermon de la Vigile de Noël, SC 480, p. 197s

 

Voici qu’un cri de joie a retenti sur notre terre, une clameur d’allégresse et de salut sous les tentes des pécheurs. Voici que s’est fait entendre une parole de bonheur, une parole de consolation, une parole pleine de charme, digne d’un accueil sans réserve. Montagnes éclatez en cris de louange, et vous tous arbres des forêts, battez des mains à la face du Seigneur, car il vient. Il vient Jésus, le Christ, le Fils de Dieu, il vient de naître à Bethléem de Juda. A-t-on entendu rien de pareil, le monde a-t-il jamais reçu semblable nouvelle ?

Jésus, le Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem de Juda. Ô naissance parfaitement sainte, digne d’être honorée par le monde, aimée par les hommes en raison de l’immense bienfait qu’elle leur apporte ; naissance insondable même pour les anges à cause de la profondeur de son mystère sacré. Et en tout cela, naissance admirable par son exceptionnelle et unique nouveauté : de semblable, jamais on n’en vit auparavant, et jamais on n’en verra par la suite. Ô enfantement qui seul est sans douleur, seul est sans honte ; tu n’as pas profané, mais tu as consacré le sanctuaire du sein virginal ! Ô naissance, tu échappes aux lois de la nature, tu la dépasses par le caractère exceptionnel du miracle, mais tu la restaures par la puissance du mystère. Frères, qui fera le récit de cet engendrement ? L’ange l’annonce, la Puissance étend son ombre, l’Esprit survient ; par la foi, la Vierge conçoit, la Vierge enfante, et demeure vierge. Qui donc ne serait dans l’émerveillement ? Et voici que naît le Fils du Très-Haut, lui qui est Dieu, engendré de Dieu avant les siècles ! Voici que naît la Parole, et elle entre sans parole ! Qui donc pourrait assez s’émerveiller !

Respirez, vous qui étiez perdus : Jésus vient chercher et sauver ce qui était perdu. Malades, reprenez force : le Christ vient guérir es cœurs brisés par l’onction de sa miséricorde. Soyez dans l’allégresse vous qui étiez avides de grandeur : le Fils de Dieu descend jusqu’à vous pour vous rendre cohéritiers de son royaume.