Sur Genèse 15, 1-21

Les promesses et l’Alliance divines

 

Saint Augustin

De la Cité de Dieu, Livre 16, chapitre 24, OC 24, p. 329s

 

Dans une vision, Dieu dit à Abraham : Je suis le Dieu qui t’a tiré du pays des Chaldéens pour te donner cette terre qui sera ton héritage. Et le Seigneur Dieu conclut une alliance avec Abraham. Ces choses se passèrent dans cette vision. Et d’après le témoignage de l’Ecriture, Abraham crut à Dieu et sa foi lui fut imputée à justice. Le patriarche n’eut point de défaillance dans sa foi, pour dire : Seigneur souverain, à quoi reconnaîtrais-je que je serai l’héritier de cette terre ? Car cet héritage lui avait été promis. Il ne dit pas : comment saurai-je ?, comme s’il ne croyait pas encore ; mais il dit : A quoi reconnaîtrai-je ?, afin qu’on lui donne un signe auquel il reconnaîtra la manière dont se passera le fait qu’il croyait. De même, la Vierge Marie ne conçut aucun doute en disant : Comment cela se fera-t-il puisque je ne connais point d’homme ? Elle était certaine du fait futur, mais elle s’informait de la manière dont il devait s’accomplir. Aussitôt l’ange lui fit entendre cette réponse : L’Esprit-Saint viendra en toi, et la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre.

               Ainsi en cette circonstance, Dieu donna à Abraham le signe des animaux, la génisse, la chèvre et le bélier, avec les deux oiseaux, la tourterelle et la colombe ; la génisse figure le peuple soumis au joug de la Loi, la chèvre ce peuple pécheur, le bélier ce même peuple appelé à régner ; l’un et l’autre oiseau, symbole de la simplicité et de l’innocence, signifie que même parmi le peuple d’Israël, futur possesseur de cette terre, il y aura des enfants de la promesse et des héritiers du royaume éternel dans la félicité sans fin. Abraham, assis près d’eux, représente les vrais fidèles qui persévéreront jusqu’à la fin, au milieu même des divisions.

Et vers le coucher du soleil, cette frayeur dont Abraham est saisi, cette crainte qui se répand comme d’épaisses ténèbres dans tout son être, figurent la violente persécution et la tribulation future des fidèles à la fin de monde, selon ce que dit le Seigneur dans l’Evangile : La tribulation sera alors si grande, qu’il n’y en aura jamais eu de pareille depuis le commencement du monde.