Sur Matthieu 2, 1-12

L’exemple des mages qui se sont convertis

Saint Maxime de Turin

Homélies 21 pour l’Epiphanie, A Hamman, Le Mystère de Noël, p. 229s

 

C’est en toute vérité qu’on peut dire que la dévotion des mages prouve le sacerdoce du Christ, car le sens de ce mystère est précisé par le choix de leurs présents. En effet, ils offrirent au Sauveur, autant qu’il leur était possible, ce qu’ils pensaient être le plus beau : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. De l’or comme pour un règne, de l’encens comme pour une cérémonie propitiatoire, de la myrrhe comme pour une résurrection. La puissance est manifestée par l’or, l’incorruptibilité désignée par la myrrhe, le sacerdoce indiqué par l’encens. Ce n’est pas en vain que les mages sont venus au Seigneur avec leurs présents. Grâce à la divination de leur religion, ils découvrirent que le Christ était destiné à régner sur le monde, aussi lui apportèrent-ils des spécimens de tous les éléments : de l’or par lequel sont dominées toutes les forces terrestres, de l’encens par lequel, pensaient-ils, sont apaisés les êtres divins, de la myrrhe par laquelle sont conservées les créatures une fois sous terre. Ils montraient ainsi que, grâce à la divinité du Christ, ils n’avaient plus besoin de rien puisque, par le Christ, était assurée la victoire sur la terre, la propitiation dans le ciel et le repos dans les enfers. Les mages, grâce à leurs recherches, trouvèrent donc qu’à partir de la nativité du Christ, ils n’avaient plus rien à chercher, et l’art de leur magie leur servit à apprendre qu’ils n’avaient plus besoin de lui dorénavant.

C’est pourquoi, ne vivant plus dans la même religion, ils abordèrent un autre chemin de retour et une autre manière de vivre. Car, avant de voir le Christ, l’étoile avait conduit les mages comme des hommes religieux venant pour un hommage, mais une fois qu’ils eurent vu le Seigneur et cru en lui, la foi les ramena à leur patrie comme des adeptes du Christ. Dieu nous a permis de ne pas nous tromper. Il nous faut donc prendre garde à ce que la croyance des païens ne nous ramène pas, une fois que nous aurons reçu le Christ, par le chemin que nous avons emprunté à l’aller. Car un certain nombre de chrétiens, après avoir adhéré à la foi, se laissent empêtrer de nouveau dans les erreurs d’antan. Ils célèbrent avec nous les joies de la naissance du Sauveur, avec les païens, pour marquer les calendes, des banquets où ils sombrent dans l’ébriété. Ils reçoivent avec nous la bénédiction de Dieu et observent avec les païens tous les rites de la superstition. Il y a vraiment lieu de déplorer que les chrétiens prêtent attention aux auspices alors que les mages ont méprisé les augures, et que les premiers refusent de rejeter la licence des mœurs, alors que les seconds ont renoncé à l’expérience qu’ils avaient de leur art.