Lévitique 16, 2-28

Les sacrifices expiatoires : le grand Jour des Expiations

 

Père Roland de Vaux

Les sacrifices de l’Ancien Testament, p. 82s

 

             Parce qu’il est un hommage à Dieu et qu’il établit ou rétablit les bonnes relations entre Dieu et ses fidèles, le sacrifice apaise la colère de Dieu contre le pécheur et suspend le châtiment. Tout sacrifice a, de ce fait, valeur expiatoire.

            Nous venons de lire le rituel du Jour des Expiations. Ce rituel combine deux cérémonies différentes par l’esprit et par l’origine. Il y a d’abord un rituel lévitique : le grand prêtre offre un taureau en sacrifice pour son péché et celui de sa maison, c’est-à-dire des prêtres. Il pénètre, la seule fois dans l’année, derrière le voile qui ferme le Saint des Saints, encense le propitiatoire, et l’asperge du sang du taureau. Il immole ensuite un bouc pour le péché du peuple, il en porte le sang derrière le voile, où il asperge une nouvelle fois le propitiatoire. Cette expiation pour les péchés du sacerdoce et du peuple est liée à une autre expiation pour le sanctuaire, spécialement l’autel, qui est frotté et aspergé avec le sang du taureau et du bouc.

            A ce rituel qui est conforme aux règles et aux idées du Lévitique, s’ajoute un rite particulier qui relève d’autres conceptions. La communauté offre deux boucs, qui sont tirés au sort, l’un pour Dieu, l’autre pour Azazel. Le bouc pour Dieu sert au sacrifice pour les péchés du peuple ; cette cérémonie étant achevée, l’autre bouc, resté vivant, est place devant Dieu ; le grand prêtre pose les deux mains sur la tête du bouc et confesse sur lui toutes les fautes, volontaires ou non, des Israélites. Un homme mène alors au désert le bouc qui emporte avec lui tous les péchés du peuple. Qui est Azazel ? On a beaucoup cherché ; vraisemblablement, c’est le nom d’un être surnaturel, d’un démon ainsi nommé : le livre d’Hénoch fait d’Azazel le prince des démons relégué au désert. L’efficacité du transfert des fautes et l’expiation qui en résulte sont attribuées à Dieu, devant qui le bouc est d’abord présenté. Ce bouc n’est pas sacrifié à Azazel, il n’est pas davantage sacrifié à Dieu, parce que, chargé des péchés du peuple, il est devenu impur et ne peut servir de victime sacrificielle : il est conduit au désert.