Jean 20, 19-31

Les disciples voient le Seigneur

Saint Augustin

Traité 121 sur l’évangile de saint Jean, OC 10, p. 423s

Sur le soir du premier jour de la semaine, les portes du lieu où les disciples se trouvent rassemblés étant fermées de peur des Juifs, Jésus vint, et debout au milieu d’eux, il leur dit : La paix soit avec vous. Il leur montra alors ses mains et son côté ; les clous avaient percé ses mains, la lance avait ouvert son côté, et il avait voulu conserver les cicatrices de ses blessures pour guérir de la plaie du doute le cœur de ses disciples. Les portés fermées ne purent faire obstacle à un corps où habitait la Divinité, et celui dont la naissance laissa intacte la virginité de sa mère ; ce corps put entrer dans ce lieu sans que les portes fussent ouvertes. Les disciples se réjouirent à la vue du Seigneur ; il leur dit : La paix soit avec vous. Cette répétition est une confirmation de ce qu’il leur a dit, car c’est lui qui ajoute à la paix la paix promise par le prophète.

Comme mon Père m’a envoyé, leur dit-il,  je vous envoie. Nous savons que le Fils est égal à son Père, mais nous reconnaissons ici le langage du Médiateur. Il nous montre, en effet, qu’il est médiateur, en leur disant : Mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Et après qu’il eut dit ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : Recevez le Saint Esprit. En soufflant sur eux, il leur enseigne que l’Esprit Saint n’est pas seulement l’Esprit du Père, mais qu’il est aussi le sien. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis, et ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus. La charité de l’Eglise que le Saint-Esprit répand dans nos cœurs remet les péchés de ceux qui entrent en participation de cette divine charité, mais elle les retient à ceux qui n’y ont aucune part. Aussi, après leur avoir dit : Recevez l’Esprit, il parle aussitôt du pouvoir de remettre et de retenir les péchés.

Or, Thomas, l’un des Douze, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. Aux disciples qui lui disaient avoir vu le Seigneur, il répondit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, si je ne mets mon doigt dans la plaie de son côté, je ne croirai pas. Huit jours plus tard, les disciples étaient encore dans le même lieu, Thomas était avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, et debout au milieu d’eux, il leur dit : La paix soit avec vous. Puis il dit à Thomas, Mets ici ton doigt et regarde mes mains, approche ta main, et mets-la dans mon côté ; ne sois plus incrédule, mais fidèle. Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu. Thomas ne voyait et ne touchait que l’homme, et il confessait le Dieu qu’il ne pouvait ni voir, ni toucher. Mais ce qu’il voyait et ce qu’il touchait, le conduisait à croire d’une foi certaine ce dont il avait douté jusqu’alors. Et Jésus de lui dire : Bienheureux celui qui croit sans avoir vu.