Colossiens 3, 1-17

La vie nouvelle

Bienheureux John-Henry Newman

L’identité chrétienne, OC 6, p. 183s

       Au service eucharistique, on nous exhorte à élever notre cœur. Et nous répondons : « Nous le tournons vers le Seigneur ». Vers le Seigneur, c’est-à-dire vers celui qui est monté vers les hauteurs ; vers celui qui n’est pas ici, mais qui est ressuscité, qui est apparu à ses apôtres et s’est retiré de leur vue. Vers ce Sauveur qui est monté et qui est invisible, qui a vaincu la mort et qui a ouvert le Royaume des cieux à tous les croyants, aujourd’hui et toujours, mais spécialement en ce temps sacré où nous faisons mémoire de sa Résurrection ; vers lui nous sommes tenus de ressusciter spirituellement, à son exemple. Bien au contraire, hélas, en est-il d’un grand nombre ? Ils sont gênés, bien plus, possédés et absorbés par ce monde ci ; ils ne peuvent pas s’élever faute d’ailes. La prière et le jeûne ont été appelés les ailes de l’âme ; ceux qui ne prient, ni ne jeûnent, ne peuvent suivre le Christ. Ils ne peuvent élever leur cœur vers lui. Ils n’ont pas leur trésor là-haut. Mais leur trésor, leur cœur et leur énergie sont tous sur la terre. La terre est leur lot, non le ciel.

       Le Christ est monté dans les hauteurs ; nous devons monter avec lui. Il s’est retiré de notre vue, nous devons le suivre. Il est parti vers le Père ; nous aussi nous devons prendre soin que notre vie nouvelle soit cachée avec le Christ en Dieu. Telle est sa promesse de grâce : elle est exprimée dans la prière qu’il a offerte, avant sa Passion, pour tous ses disciples jusqu’à la fin du monde : Père saint, ditil, garde dans ton Nom ceux que tu m’as donnés, pour qu’ils soient un comme nous. Je ne prie pas pour que tu les enlèves du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous. Moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux. En accord avec cette déclaration sacrée et terrible, saint Paul affirme dans le texte que nous avons entendu : Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en-haut, là où se trouve le Christ assis à la droite de Dieu. Songez aux choses d’en-haut, non à celles de la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu. Mortifiez donc vos membres terrestres !