Marc 16, 9-15

Le message de Marie-Madeleine

Adrienne von Speyr

Saint Marc, Points de méditation pour une communauté, p. 714s

         Marie-Madeleine partit annoncer la nouvelle de la résurrection du Seigneur dans une foi nouvelle. Sa première foi, elle l’avait reçu à la première rencontre avec le Seigneur, et cette foi a duré tant que le Seigneur était visiblement présent, et tant qu’elle croyait encore à une existence du corps du Seigneur, quoique le tombeau fût vide. Elle avait besoin de sa corporéité terrestre, vivante ou morte, pour croire en lui. Puis vint l’effroi, si fort qu’il a recouvert cette première foi, ainsi que le message de l’ange. A ce moment-là, Madeleine n’était certainement pas dépourvue de foi. Mais sa foi était en quelque sorte ensevelie. Puis, le Seigneur lui apparaît ; une foi nouvelle la saisit alors, et elle s’en va porter le message. Ce qui la fait partir, ce n’est pas, au fond, l’obéissance pure, c’est une nouvelle confirmation de l’obéissance qu’elle reçoit directement du Sauveur. Si l’on se représente cette période de fondation du christianisme, on reconnaît non seulement la difficulté que le Seigneur a eue avec les hommes, mais aussi la difficulté que les hommes ont eue de comprendre sa mort et sa résurrection, sa mission éternelle. Il a même fallu l’apparition personnelle du Seigneur pour confirmer l’annonce de l’ange. L’ange seul n’est pas capable d’amener Marie-Madeleine à la foi nouvelle de la résurrection. Il faut plus. Cette désobéissance se poursuivra dans l’Eglise. On doit sans cesse la surmonter par une nouvelle obéissance, même si celle-ci peut avoir l’apparence d’une désobéissance. Et si le Seigneur parle directement, s’il apparaît et exige quelque chose, nous devons suivre, comme Marie-Madeleine a suivi. Et elle se met en route avec sa foi nouvelle. Elle raconte que le Seigneur est vivant, qu’il lui est apparu. Ce faisant, elle ne parle pas de l’apparition de l’ange, qui aurait été, peut-être, pour les disciples un premier pas, et leur aurait facilité la foi. Sur ce point, elle est en quelque sorte personnellement liée ; parce que l’ange a déclenché en elle la désobéissance, elle ne mentionne pas son apparition. Mais elle a foi dans le Seigneur. Son apparition n’est pas douteuse pour elle. Elle le connaît. Et non seulement avec ses yeux, mais de tout son être, toute sa prière, tout son dévouement, avec ce nouveau service dans lequel elle vient de ressusciter. Autrefois, son service était né de la première rencontre, à présent elle renaît de l’apparition du Seigneur. C’est le même service parce qu’il n’y a finalement dans l’Eglise qu’un unique service exigé par le Seigneur. Et quelle que soit la forme de ce service, s’il est authentique et chrétien, il vit du service que le Fils rend au Père quand il se fait homme. Le service du Christ, le service de l’Eglise, le service de tout chrétien ne font qu’un.