Les Actes des Apôtres 9, 23-43

Deux gestes de vie

Pères Philippe Bossuyt et Jean Radermakers

Témoins de la Parole de la Grâce, p. 318s

       Pourquoi Corneille centurion de l’armée romaine, ferait-il venir Pierre dans ses quartiers à Césarée ? Pour apprendre à observer la Loi ? En vue de s’initier au culte du Temple de Jérusalem afin d’y aller en pèlerinage ? Tout cela pourrait l’intéresser comme nombre de païens, craignant Dieu ou sympathisants du judaïsme, voire prosélytes. Luc nous suggère plutôt ceci : l’attention de Corneille a été attirée par la guérison d’Enée et la réanimation de Tabitha. Pour un païen, tout ce qui touche à la vie est essentiel, comme ce qui concerne les relations humaines.

       Or quelqu’un a fait marcher un infirme. Chose plus extraordinaire encore : il a démontré son pouvoir sur la mort ! En effet, Pierre a relevé un paralytique à Lydda, et une morte à Joppé, quelques quinze kilomètres plus à l’Ouest. A la nouvelle de ce double « relèvements », le pouvoir occupant paraît bien informé, le centurion de Césarée désire en savoir davantage. Il attend de Pierre la Parole de vie, en raison de ces gestes de vie. Il désire apprendre les paroles-événements concernant ce Jésus au Nom duquel la vie jaillit.

       De ces deux récits de miracles, les critiques s’efforcent de remonter aux sources, mais il est difficile de dépasser la conjecture. On les rattache souvent aux « gestes de Pierre », et l’on note l’influence rédactionnelle des gestes d’Elie et Elisée, ainsi que la résurrection de la fille de Jaïre en Marc pour le second épisode, et, pour le premier épisode, la guérison du paralytique à Capharnaüm, toujours en saint Marc. Quoi qu’il en soit, Pierre est ici présenté comme le continuateur de l’œuvre bienfaisante et salutaire de Jésus inaugurant les temps messianiques. C’est bien l’action de Jésus-Messie qui guérit le paralytique cloué à son grabat, et si l’allusion « au Nom de Jésus » manque dans le récit de la réanimation de Tabitha, l’allusion voilée à Elie annonce suffisamment les jours du Messie, sans parler du verbe de résurrection, « dresse-toi », présent dans les deux épisodes. Comme Jésus avait pris par la main la fille de Jaïre pour la rendre à ses parents, Pierre après avoir prié genoux en terre, prend la main de la femme décédée pour la présenter à son entourage. Par ces gestes et ces paroles, il manifeste la puissance du Ressuscité agissant en lui. Les deux récits se terminent par la reconnaissance de l’œuvre de Dieu exprimée par les témoins : Lydda, la plaine de Saron et Joppé se tournent vers le Seigneur dans la foi.