Luc 1, 39-56

Figures de Marie dans l’Ancien Testament

Saint Jean Damascène

Homélie 1 sur la Dormition, SC 80, p. 203s

       Tu es bénie entre toutes les femmes, et béni le fruit de ton sein. Tu es bienheureuse dans les générations des générations, la seule digne d’être appelée bienheureuse. Toutes les générations te disent bienheureuse. Les filles de Jérusalem, c’est-à-dire de l’Eglise, t’ont vue et ont proclamé ton bonheur ; les reines, qui sont les âmes des justes, te loueront dans les siècles. Car tu es le trône royal près duquel se tenaient les anges, contemplant leur maître et créateur qui y était assis.

       Tu es devenue le Paradis spirituel, plus sacré et plus divin que l’ancien ; dans le premier habitait l’Adam terrestre, en toi, c’est le Seigneur venu du ciel.

       L’arche t’a préfigurée, elle qui sauva le germe de la seconde création, car tu enfantas le Christ, le salut du monde, qui a submergé le péché et apaisé ses flots.

       D’avance, c’est toi que le buisson a dépeinte, que les tables écrites par Dieu ont dessinée, que l’arche de la Loi a racontée, toi que l’urne d’or, le candélabre, la table, le rameau d’Aaron qui avait fleuri ont manifestement préfigurée. De toi, en effet, est né celui qui est la flamme de la divinité, la définition et l’expression du Père, la manne délicieuse et céleste, le nom innommé qui est au-dessus de tout nom, la lumière éternelle et inaccessible, le pain de vie venu du ciel, le fruit récolté sans travail : de toi il est sorti corporellement.

       N’est-ce pas toi que désignait d’avance la fournaise au feu mêlé de rosée et de flamme, image du feu divin qui vint habiter en toi ?

       La tente d’Abraham est de toi un présage très manifeste : car à Dieu le Verbe, venu habiter en ton sein comme sous la tente, la nature humaine a offert le pain cuit sous la cendre, c’est-à-dire les prémices d’elle-même à partir de ton sang très pur, cuites et transformées en pain par le feu divin, subsistantes dans sa personne, et servant vraiment de nourriture à un corps vivifié par une âme raisonnable et intelligente.

         J’allais omettre l’échelle de Jacob. Quoi donc ? N’est-il pas clair pour chacun qu’elle a tracé d’avance et montré ton image ? Comme Jacob vit le ciel réuni à la terre par les extrémités de l’échelle, et par elle les anges descendre et monter, et Celui qui est réellement le fort et l’invincible engager avec lui une lutte symbolique, ainsi toi-même tu es devenue la médiatrice et l’échelle par laquelle Dieu est descendu vers nous et a pris sur lui notre faiblesse, l’embrassant et se l’unissant étroitement : il a fait de l’homme un esprit qui voit Dieu ; par là, tu as rapproché ce qui était désuni.