Les Actes des Apôtres 21, 1-26

Soyons fidèles à la prière

Saint Augustin

Sermon 173, Sur les Rogations, OC 20, p. 283s

 En ces jours qui nous préparent à la fête de l’Ascension du Seigneur, Je prie, je conjure ceux qu’une ardente dévotion fait se presser à l’Eglise, comme vers leur ruche pour y savourer le délicieux nectar du Seigneur, de composer au dedans d’eux-mêmes, comme feraient de prudentes abeilles, avec les diverses fleurs des divines Ecritures, les alvéoles qui doivent recevoir le céleste miel de la sainteté. Quant à ceux qui viennent tard et s’éloignent vite, n’attendant pas que les divins mystères soient célébrés jusqu’à la fin, ils ne peuvent être regardés comme faisant partie de l’essaim de Dieu. Au lieu de composer le miel spirituel avec leurs bonnes mœurs, ils en sont empêchés par leur dédaigneux orgueil ; leurs exemples et leurs coupables paroles détournent le prochain de cette œuvre méritoire. Ainsi, frères, quiconque aime le Seigneur en vérité, quiconque vient de bonne heure à l’église pour en sortir tard, doit persévérer dans ce zèle louable, et, repoussant les discours oiseux et mondains comme un poison mortel, s’appliquer au chant des psaumes et à la prière, mépriser les satisfactions amères du monde pour demander à nos saintes réunions les douces joies qui viennent de Jésus Christ. S’il y en a parmi vous de négligents qui viennent tard à l’église, qui s’en éloignent avant la fin de nos mystères, qui tiennent des propos frivoles même dans ce lieu saint, ne suivant pas les psaumes et ne permettant pas à leurs voisins de les suivre ou de les prier ; s’il y en a qui soient ainsi, qu’ils s’amendent au plus tôt, de peur de s’occasionner la mort là même où ils devraient trouver la vie. Je remplis mon devoir en vous donnant ces avis ; que celui qui méprise de héraut redoute le juge. Le traitement du médecin est sévère, mais il rend la santé ; les caresses du monde, qui paraissent si douces, ne font qu’aggraver le mal. Ecoutez, mes frères, je vous en prie ces conseils paternels, écoutez-les afin que Dieu vous accorde la santé du corps, l’abondance des fruits, et la rémission des péchés en ce monde, et vous fasse heureusement parvenir dans l‘autre aux éternelles récompenses. Que le Dieu de bonté daigne diriger nos actions, et gouverner nos âmes de telle sorte qu’à l’heure de recevoir le salaire, votre bienveillante obéissance à mes avis vous obtienne la couronne en même temps que la charité que je mets à vous les donner me rendra digne du pardon par la grâce de notre Seigneur Jésus Christ à qui soit honneur et puissance dans les siècles des siècles.