2 Corinthiens 9, 1-15

Pauvreté et richesse dans la justification de la collecte (2 Corinthiens 8-9)

Père Philip Seidensticker

Dans « La pauvreté évangélique », Lire la Bible 27, p. 107s

       Dans la notion de pauvreté, chez saint Paul, l’élément de la nécessité économico-sociale n’est pas forcément au premier plan. Dans la lettre aux Corinthiens, le passage entendu (9,12), Paul fait remarquer que Le service de la prestation sacrée ne pourvoit pas seulement aux besoins des saints. L’interprétation courante de cette tournure veut qu’il s’agisse de remédier à une situation de nécessité économique. Mais le contexte de la phrase lui donne une autre orientation et fait apparaître une idée nouvelle : le service de la collecte sera l’occasion pour les saints de Jérusalem de glorifier Dieu, d’une part parce que des païens professent la foi en l’Evangile, tel qu’il était entendu à Jérusalem, et d’autre part parce que la générosité de la communauté des Gentils envers les fidèles de Jérusalem et les autres est un témoignage de sa sincérité. La collecte est un signe de l’unité entre les judéo-chrétiens et ceux issus de la gentilité. De la même manière, l’idée de pourvoir à un besoin représente dans le langage paulinien une expression consacrée pour définir la restauration ou le perfectionnement d’une communauté. Paul voit surtout dans l’aide apportée une dette de reconnaissance dont les païens ont à s’acquitter envers Jérusalem, car il existe entre eux et elle une relation de disciples à maître, à laquelle s’applique le principe que l’on retrouve tout au long des lettres de Paul : Que le disciple fasse part de toute sorte de biens à celui qui lui enseigne la parole.

En justifiant plus largement la collecte, Paul, il est vrai, ne fait pas explicitement appel à l’esprit de communauté, mais cherche surtout à stimuler l’amour fraternel. La collecte est une preuve de charité ; elle témoigne de la sincérité de l’amour. Paul invite à donner généreusement pour que notre superflu pourvoie à leur dénuement, pour que leur superflu pourvoie un jour à votre dénuement et qu’ainsi règne l’égalité. Les communautés filiales doivent donc assister l’Eglise-Mère de leurs moyens matériels pour recevoir d’elle en retour l’abondance des biens spirituels.