Les Actes des Apôtres 21,40 – 22, 21

Sur le chemin de Damas

Saint Jean Chrysostome

Homélie 47 sur les Actes des Apôtres, OC 15, p. 324s

          Ce n’est pas la crainte, remarquez-le bien, frères, qui inspire la défense de l’Apôtre ! C’est plutôt le désir d’instruire et d’éclairer. Il fallait que ses auditeurs eussent le cœur plus dur qu’une pierre pour ne pas être touchés par ses paroles. Le début du discours : les Juifs eux-mêmes ont été témoins des faits que Paul rappelle ; par la suite ce que raconte l’Apôtre ne s’est pas passé sous les yeux de ses auditeurs. Ayant reçu des lettres contre nos frères, j’allais à Damas pour emmener prisonnier à Jérusalem les adeptes de cette Voie nouvelle, afin de les punir. Sur le chemin, vers midi, une grande lumière environne Paul qui tombe à terre, une voix se fait entendre : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Je répondis : Qui es-tu, Seigneur ? La voix me répondit : Je suis Jésus de Nazareth que tu persécutes. Ce que Paul avait dit aurait dû faire accepter les détails qu’il donne. Mais direz-vous peut-être : Et s’il se vante sans raison ? Impossible vous répondrai-je : Quel motif aurait-il eu d’embrasser avec une telle ardeur cette nouvelle croyance ? Quels honneurs en aurait-il attendus ? C’est tout le contraire qui arriva ! Quelle raison mettre en avant ? Vous n’en trouverez à coup sûr aucune. Leur laissant le soin de concilier toutes ces particularités, l’Apôtre se borne à raconter les faits. Notons le caractère éblouissant de cette lumière. Paul ne se borne pas à des divagations d’imagination, puisque ceux qui l’accompagnent voient eux-aussi cette lumière. Et c’est eux-mêmes qui le conduisent ensuite par la main jusqu’à Damas. Ces personnes qui voyagent avec Paul voient bien la lumière, mais n’entendent pas la voix. Il est bon que cette voix ne fût entendue que de Paul : si ses compagnons l’eussent entendue, le prodige eût beaucoup perdu de son importance. Le témoignage du sens de la vue étant celui qui impressionne le plus, il leur fut donné d’apercevoir la lumière. Toutefois, cette lumière produisit un moindre effet sur eux que sur l’Apôtre : celui-ci fut frappé de cécité, tandis que les autres purent tout à leur aise examiner ce qui se passait d’extraordinaire à son sujet. La voix me dit : Je suis Jésus de Nazareth, celui que tu persécutes.