Isaïe 44,21 – 45,3

Oracle en faveur de Cyrus

Père Jean Steinmann

Le livre de la consolation d’Israël et les prophètes du retour d’exil, p. 147s

       Vers 537, Dieu, le Dieu des Juifs, et Cyrus, roi de Babylone, apparaissent comme ayant parti lié ! Le Second Isaïe va donner à Cyrus le titre suprême : ce païen deviendra l’Oint du Seigneur, le Messie !

       N’est-il pas extraordinaire ce titre d’Oint donné à Cyrus ! Jamais le Second Isaïe n’avait été si loin dans l’universalisme, et jamais personne ne réitèrera en Israël une parole aussi audacieuse. Le prophète y ajoute de la part de Dieu le geste de la main droite, Dieu prend Cyrus par la main droite, geste que faisait de roi de Babylone pour entraîner Mardouk, son dieu, à la procession sur la voie sacrée. Dieu le fait pour Cyrus, comme il l’avait fait pour Israël.

       Dieu mène directement Cyrus à la victoire. Les nations abattues devant Cyrus sont les Mèdes, les Lydiens, les Grecs, les Arabes et enfin les Babyloniens. Prenons très à la lettre les images de la première strophe : dans ce début, le prophète prouve non seulement la profondeur de sa connaissance des coutumes babyloniennes, mais semble décrire des faits dont il a été lui-même témoin. C’était une coutume assyrienne et très probablement babylonienne que les rois vassaux qui s’étaient révoltés et avaient été faits prisonniers, soient châtiés en étant attachés par des chaînes aux portes de la ville, de telle sorte qu’ils y étaient accroupis à quatre pattes. On les obligeait à ouvrir et à fermer les portes. Le prophète semble les avoir vus lorsqu’ils furent libérés, ouvrant les portes à Cyrus, lorsque celui-ci fit son entrée pacifique. De même les trésors secrets et les richesses cachées rappellent le langage d’Assourbanipal après de sac de Suse.

       L’épopée victorieuse de Cyrus doit amener celui-ci à la foi en Dieu, à la foi au Dieu des Juifs. Comme le roi perse a créé un empire qui s’étend du Levant jusqu’au Couchant, s’il professe sa foi en Dieu, alors le monde tout entier deviendra monothéiste et yahviste. Tel est bien en effet l’espoir du prophète.