Esdras 1,1-8 + 2,68-3,8

Le Temple après l’exil

Père Yves Congar

Le Mystère du Temple, LD 22, p. 103s

       Israël n’avait été libéré d’Egypte que pour être purement le peuple de Dieu, consacré à son culte. L’édit rendu par Cyrus  en 538 libérait les déportés de Babylonie pour rebâtir la maison de Dieu, le Dieu d’Israël, le Dieu qui est à Jérusalem, et offrir à ce Dieu sacrifices et prières. Aussi Dieu ne libère jamais son peuple que pour lui permettre de lui rendre purement le culte qu’il attend de lui.

       Les travaux commencés en 536, entravés par le manque de zèle et l’individualisme de tant de rapatriés qui tentaient d’arranger d’abord leurs propres affaires, et aussi par l’hostilité des Samaritains, furent repris en 520 sous l’impulsion des prophètes Agée et Zacharie. La reconstruction du Temple est achevée en février-mars 515 : on en célèbre la Dédicace, et on y fête la première pâque.

       Ce Temple, reconstruit hâtivement, maçonné au milieu des difficultés, n’atteignait pas à la splendeur de celui de Salomon. C’est pourtant ce Temple qui fut le centre, le cadre et, d’une certaine façon, l’objet de la ferveur d’Israël à cette époque du Judaïsme qui commence avec sa restauration : restauration cultuelle et légaliste, assez étroitement judéenne, et dont les actes décisifs furent la lecture de la Loi par Esdras, suivie de l’engagement solennel pris par les Judéens de la pratiquer.

        Ce n’est pas ce Temple de Zorobabel, délivré, purifié, que nous retrouverons à l’époque évangélique. On sait comment Hérode, devenu roi par la grâce de Rome, entreprit, après un début de règne rempli par toutes sortes de vicissitudes politiques et guerrières, d’intrigues, de tragédies familiales et d’assassinats, un grand nombre de magnifiques  constructions. Ce qui reste des substructures de l’esplanade élargie, joint aux descriptions de Josèphe et de la Misnah, nous permet de nous faire une idée du Temple qu’a connu Jésus, commencé en 20-19 avant notre ère, les travaux du sanctuaire proprement dit avaient été achevés en un an et demi, après quoi ceux des parvis et des portiques avaient demandé huit ans. A l’époque du ministère de Jésus, on y travaillait encore. Les derniers travaux d’embellissement ne furent terminés que quelques années avant la catastrophe et la destruction totale de l’an 70 : ainsi, bien souvent, c’est quand tout est terminé, paré, fignolé, que tout, aussi, nous est retiré.