Ephésiens 1,1-14 ou Ephésiens 1,16-2,10

Le corps préservé de Marie source de bénédictions

Saint Jean Damascène

Première homélie sur la Dormition, SC 80, p. 107s

              Comment la source de la vie est-elle conduite à la vie en passant par la mort ? Ô surprise ! Celle qui dans l’enfantement a surmonté les limites de la nature, maintenant se courbe sous ses lois, et son corps immaculé est soumis à la mort ! Il faut, en effet, déposer ce qui est mortel pour revêtir l’incorruptibilité, puisque le Maître de la nature lui-même n’a pas refusé l’expérience de la mort. Car il meurt selon la chair, et, par sa mort, il détruit la mort ; à la corruption il confère l’incorruptibilité, et fait du trépas la source de la résurrection. Oh ! Cette âme sainte, au moment où elle sort de la demeure qui avait reçu Dieu, comme le Créateur du monde la reçoit de ses propres mains, et quel légitime honneur il lui rend ! Par nature elle était la servante, mais, dans les abîmes insondables de sa philanthropie, il a fait d’elle sa propre Mère, puisqu’il s’est incarné en vérité, et n’a pas fait semblant de devenir un homme.

       Ô l’incomparable passage qui te vaut la grâce d’émigrer vers Dieu ! Car si cette grâce est accordée par Dieu à tous les serviteurs qui ont son esprit, toutefois, la différence est infinie entre les esclaves de Dieu et sa Mère. Alors, comment appellerons-nous ce mystère qui s’accomplit en toi ? Une mort ? Mais si, comme le veut la nature, ton âme toute sainte et bienheureuse est séparée de ton corps béni et immaculé, et si ce corps est livré à la tombe suivant la loi commune, cependant il ne séjourne pas dans la mort et n’est pas détruit par la corruption. Pour celle dont la virginité est restée intacte dans l’enfantement, au départ de cette vie, le corps est gardé sans décomposition, et placé dans une demeure meilleure et plus divine, hors des atteintes de la mort, et capable de durer pour toute l’infinité des siècles.

       Ainsi toi, source permanente de la vraie lumière, inépuisable trésor de celui qui est la vie même, toi qui es pour nous la cause et la donatrice de tous les biens, même si, par une séparation temporaire, ton corps disparaît dans la mort, cependant tu fais jaillir pour nous, libéralement, les flots incessants, purs, intarissables de la lumière infinie, de la vie immortelle et de la vraie félicité, des fleuves de grâces, des sources de guérisons, une bénédiction perpétuelle. Tu as fleuri comme le pommier parmi les arbres du verger, et ton fruit est doux au palais des fidèles. Aussi, je ne dirai pas de ton saint départ qu’il est une mort, mais une dormition, ou un passage, ou plus proprement une entrée dans la demeure de Dieu. Sortant du domaine du corps, tu entres dans une condition meilleure.