Matthieu 25, 1-13

Se glorifier en Dieu

Saint Augustin

Lettre 149ème, Lettre à Honoré, OC 5, p. 238s

              C’est, je crois, par dérision, que les vierges prévoyantes répondent aux vierges insensées : Allez plutôt chez ceux qui vendent de l’huile, et achetez-en pour vous ; comme dans le livre de la Sagesse, Dieu dit au contempteur de sa loi : Et moi, je rirai de votre perte. Mais quand les jeunes filles prévoyantes répondent à celles qui leur demandent de l’huile : De peur qu’elle ne soit pas suffisante pour nous et pour vous, ce n’est pas le manque d’espérance, mais l’humilité qui les fait parler ainsi. Qui peut, en effet, assez présumer de sa conscience  pour être sûr qu’elle lui suffira au jugement de Dieu, si Dieu ne jugeait pas avec miséricorde ceux qui auront été miséricordieux. Car, au jugement dernier, il n’y aura pas de miséricorde pour celui qui n’en a pas eu pour les autres. Les lampes ardentes sont les bonnes œuvres dont le Seigneur a dit : Que vos bonnes œuvres brillent en présence des hommes, et glorifient votre Père qui est aux cieux. L’intention des vierges sages, en voulant que leurs bonnes œuvres brillent aux yeux des hommes, n’est pas d’être louées par eux, mais d’être un sujet de gloire pour Dieu qui leur fait accomplir ces œuvres. Elles en jouissent dans l’intérieur de leur conscience, c’est-à-dire sous les yeux de Dieu. C’est là qu’elles exercent secrètement leur charité et leur aumône, afin que leur Père céleste, qui les voit en secret, les en récompense. Leurs lampes ne s’éteignent pas, parce qu’elles sont alimentées par l’huile qu’elles contiennent intérieurement, c’est-à-dire par l’intention d’une bonne conscience qui accomplit, en présence de Dieu, et pour sa gloire, les bonnes œuvres qui brillent aux yeux des hommes. Mais les lampes des vierges folles, qui ne portent pas d’huile avec elles, finissent par s’éteindre, c’est-à-dire que les bonnes œuvres cessent de luire, lorsque cesse la louange humaine pour laquelle elles les accomplissaient. Leur but d’être vues par les hommes, et non de glorifier leur Père qui est dans les cieux. L’intention pure est ce qui procure une gloire éternelle à ceux qui reconnaissent que c’est à la justice de Dieu qu’ils sont redevables de leurs bonnes œuvres, et qui n’aiment pas en être loués en eux, mais dans le Seigneur. C’est ce qui inspire à l’homme le chant où il s’écrie : Mon âme sera louée dans le Seigneur, et ce que dit l’Apôtre : Que celui qui se glorifie ne se glorifie qu’en Dieu.