Zacharie 11,4 – 12,8

Le prophète pasteur

Dom Gilles Gaide

Jérusalem : Voici ton Roi, p. 105s

              Voici un troupeau de petit bétail. Il est déjà vendu, ses pasteurs n’en ont pas pitié, ils ne pensent qu’au profit de la vente. Les bêtes sont conduites à l’abattoir. Mais Dieu veut encore accomplir une dernière tentative pour les sauver : il leur envoie une dernière chance de salut dans la personne du prophète qui reçoit la mission de les paître, et prend pour insignes de sa charge deux bâtons auxquels il donne des noms symboliques : Faveur et Union. Son intervention est énergique : il extermine trois mauvais pasteurs en un mois ! Mais le mal ne vient pas seulement des pasteurs : les brebis, elles aussi, sont intraitables. Malgré son dévouement, le bon pasteur envoyé par Dieu pour les sauver n’arrive pas à en venir à bout. Elles finissent même par se prendre de dégoût pour lui. Lassé, exaspéré, celui-ci les abandonne à leur sort.

       Pour bien manifester sa décision de ne plus paître ses brebis, et pour signifier les malheurs qui vont s’abattre sur elles, il brise ses bâtons. En brisant Faveur, il annonce la rupture du pacte entre Dieu et tous les peuples ; ce pacte était une faveur divine, il avait pour clause essentielle que les peuples païens n’envahiraient pas le territoire d’Israël ; par son bâton Faveur, l’envoyé de Dieu préservait le troupeau contre les incursions des bêtes féroces et des brigands.

       Le pasteur-prophète réclame son salaire. On lui verse un sicle par jour pour ses services. Ironie, cela fait trente sicles, le prix d’un esclave !

       Le rôle du pasteur n’est pas seulement de protéger les brebis contre les ennemis du dehors, il est aussi de conduire le troupeau et de faire son unité. Le prophète-pasteur brise sa houlette Union. L’unité du troupeau sera donc brisée, et les bêtes s’entre-dévoreront.

       Ainsi sont annoncés les malheurs qui doivent fondre sur le troupeau. Quant aux mauvais pasteurs, cause principale de ces malheurs, pourront-ils jouir impunément du profit tiré de la vente des brebis ? Non pas ! Une nouvelle allégorie va décrire leur sort. Le prophète reçoit l’ordre de prendre une seconde fois l’équipement du pasteur, et, cette fois, c’est d’un pasteur insensé qu’il va tenir le rôle : rôle d’un pasteur qui, non content de négliger les devoirs de sa charge, mange la chair des brebis qui lui sont confiées, arrache leur sabot. De telles injustices ne passent pas inaperçues aux yeux de Dieu. Elles seront terriblement châtiées. Un oracle annonce le châtiment du coupable : il sera frappé par l’épée, deviendra aveugle et paralysé.