Judith 5, 1-22

La Rosée Divine

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

Un cantique d’amour, Poésies, p. 39s

 

       Mon Doux Jésus, sur le sein de la Mère, tu m’apparais, tout rayonnant d’amour. L’Amour, voilà l’ineffable mystère qui t’exila du Céleste Séjour… Ah ! Laisse-moi me cacher sous le voile qui te dérobe à tout regard mortel, et près de Toi, ô Matinale Etoile, je trouverai un avant-goût du ciel.

       Dès le réveil d’une nouvelle aurore, quand du soleil on voit les premiers feux, la tendre fleur qui commence d’éclore attend d’en-haut un baume précieux. C’est du matin la rosée bienfaisante toute remplie d’une douce fraîcheur, qui, produisant une sève abondante, du frais bouton fait entrouvrir la fleur.

       C’est Toi, Jésus, la Fleur à peine éclose ; je Te contemple à ton premier réveil, c’est Toi, Jésus, la ravissante Rose, le frais bouton, gracieux et vermeil. Les bras si purs de ta Mère chérie forment pour Toi, berceau, trône royal ; ton doux soleil, c’est le sein de Marie et ta Rosée, c’est le Lait Virginal.

       Mon Bien-Aimé, mon divin petit Frère, dans ton regard je vois tout l’avenir ; bientôt pour moi tu quitteras ta Mère, déjà l’Amour te presse de souffrir mais sur la croix, ô Fleur Epanouie ! Je reconnais ton parfum matinal, je reconnais la Rosée de Marie. Ton sang divin, c’est le Lait Virginal.

       Cette Rosée se cache au sanctuaire, l’ange des Cieux la contemple ravi, offrant à Dieu sa sublime prière. Comme saint Jean, il redit : « Le voici ». Oui, le voici, ce Verbe fait Hostie, Prêtre éternel, Agneau sacerdotal ; le Fils de Dieu, c’est le Fils de Marie, le pain de l’Ange c’est le Lait Virginal.

       Le séraphin se nourrit de la gloire, au Paradis son bonheur est parfait. Moi, faible enfant, je ne vois au ciboire que la couleur, la figure du Lait ; mais c’est le Lait qui convient à l’enfance, et de Jésus l’Amour est sans égal. Ô tendre Amour ! Insondable puissance, ma blanche Hostie, c’est le Lait Virginal !