« Dans la liturgie, Dieu parle à son peuple, le Christ annonce l’Evangile,  le peuple répond » (Vatican II)

Père Louis Bouyer

Architecture et Liturgie, p. 13s

 

       Où l’esprit des hommes est-il plus apparent que dans les demeures qu’ils construisent pour abriter leur vie ? Ainsi, c’est la manière dont nous construisons nos églises qui constituera la manifestation par excellence du genre de vie d’Eglise, de vie commune dans le Corps du Christ, qui sera le nôtre.

       Si nous voulons un lieu où le culte chrétien puisse vivre, ne pas se fossiliser dans une coquille vide usée jusqu’à la corde, ni être écrasé sur quelque lit de Procuste, il faut réfléchir, chercher. Or, la seule voie possible est d’essayer dans un premier temps de découvrir, ou de redécouvrir comment, d’une manière spontanée, la liturgie chrétienne, à l’époque la plus créatrice de son existence, a remodelé les bâtiments qu’elle avait utilisés, et comment, par la suite, en est sorti quelque chose de nouveau. Après avoir fait cela, nous pourrons espérer trouver l’inspiration dont nous avons besoin pour faire de même, pour notre époque, dans cet esprit du christianisme de tous les temps, mais conformément à d’autres circonstances présentant certainement de nouvelles possibilités.

       Quand nous regardons les églises qui furent adaptées ou construites pour abriter la liturgie chrétienne au meilleur de sa fraîcheur et de sa puissance créatrice, nous voyons que l’important n’est pas dans une série quelconque de détails déterminés, pris isolément. C’est plutôt dans une relation dynamique des différents foyers de la célébration, incarnée en des éléments divers et dans leur arrangement cohérent. Ceci peut donner naissance, comme cela a été le cas, à une variété presque illimitée de formes. Mais toutes ces formes deviennent mortes dès qu’on les copie matériellement, sans bien comprendre ce qui leur a donné leur sens. Il n’y a que l’histoire qui puisse nous donner la clef de leur genèse. Nous voyons alors que c’est la fonction vitale seule qui peut expliquer l’organe, tandis que l’organe mort signifiera toujours une fonction mal comprise ou perdue de vue.