Siracide 3, 2-16

« Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser »

Dom Colomba Marmion

Le Christ, idéal du moine, p. 323s

 

       Comment parvenir à l’état de charité parfaite ? Après que, par l’ascension des degrés de l’humilité, nous aurons purifié notre âme de ses péchés et de ces vices. Mais alors comment parvenir à cette vertu si indispensable qu’est l’humilité ? Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser pour trouver grâce devant le Seigneur, nous disait le Siracide il y a un instant.

       Le premier de tous les moyens est la prière. Un degré élevé d’humilité est un don de Dieu, tout comme l’est un degré élevé d’oraison. Notre Seigneur lui-même, dit sainte Thérèse, met en nous l’humilité, et bien autrement que nos pauvres réflexions ne pourraient le faire. Quelle comparaison, en effet, entre nos réflexions et cette humilité vraie, accompagnée de lumière, que Dieu lui-même enseigne à l’âme ? Dieu qui  désire infiniment se donner à nous ne repoussera certes pas notre prière, si nous lui demandons d’enlever le principal obstacle qui s’oppose à son action en nous. Demandons souvent à Dieu cet esprit de révérence qui est la racine même de l’humilité. Demandons-lui de nous montrer dans la lumière de sa grâce qu’il est tout et que sans lui nous ne sommes rien ; un rayon de lumière divine fait plus en ceci que tous les raisonnements. L’humilité pourrait être appelée le reflet pratique de nos entretiens avec Dieu. Une âme qui n’entre pas fréquemment en contact avec Dieu dans l’oraison ne peut posséder l’humilité à un haut degré. Si, une seule fois, Dieu nous donnait d’apercevoir, au fond de l’âme, dans la lumière de sa présence ineffable, quelque chose de sa grandeur, nous serions remplis d’une révérence intense envers lui : le fonds de l’humilité serait acquis, et nous n’aurions qu’à garder et entretenir fidèlement ce rayon de lumière divine pour que l’humilité se développât et se maintînt en nous.

       Livrons-nous donc souvent à la contemplation des perfections divines, non à la manière d’un philosophe qui veut contenter son esprit, mais dans la prière et l’oraison. Nous n’arriverons jamais à nous bien connaître si nous ne nous efforçons de connaître Dieu. C’est en contemplant ses grandeurs que nous découvrirons notre petitesse, en envisageant sa pureté que nous verrons nos souillures.