Siracide 35, 1-18

La Justice de Dieu

P. van Imschoot

Théologie de l’Ancien Testament, p. 71s

 

       Le sens fondamental du mot hébreu que nous traduisons par Justice est : ce qui est conforme à une règle. Ce terme se dit parfois des objets, par exemple des balances justes, des poids justes, c’est-à-dire conformes aux normes réglant les instruments de poids et mesures. Plus souvent, ce terme se dit de personnes et de Dieu. Est juste celui qui agit conformément aux normes qui découlent de sa nature et des relations sociales qui sont les siennes. Etre juste c’est agir suivant le droit, c’est-à-dire,  non suivant une règle idéale et abstraite, mais suivant les normes et les devoirs concrets dérivant des relations sociales dans lesquelles chacun se trouve. Dieu est juste, c’est-à-dire agit toujours suivant les normes découlant de sa nature et de l’alliance qui l’unit à Israël ; il répond à ce que l’on est en droit d’attendre de lui, en tant qu’il est Dieu et le Dieu de l’Alliance : Celui qui juge la terre entière, n’agirait-il pas suivant le droit ? Ses œuvres sont parfaites, car toutes ses voies sont droites ; il est un Dieu fidèle et sans défaut, il est juste et il est droit.

Comme Dieu de l’Alliance, le Seigneur maintient le droit d’Israël contre les autres peuples. C’est pourquoi les victoires par lesquelles il le fait triompher sont appelées des actes de justice. Gédéon fait appel au jugement de Dieu contre les Moabites, la victoire de David sur Absalon est considérée comme un jugement de Dieu qui a rétabli le droit du roi détrôné par son fils. Ainsi la victoire, la délivrance, le salut d’Israël sont autant de manifestations de la justice de Dieu, si bien que la justice de Dieu peut être mise en parallèle avec son salut, avec sa bénédiction, ou avec sa fidèle bonté. Dans l’Ancien Testament, la justice de Dieu n’est pas opposée à sa bonté, à sa miséricorde, à sa grâce : elle inclut ces attributs. Cette doctrine sera reprise par saint Paul dans la lettre qu’il a adressé aux chrétiens de Rome.

Puisque le roi est le juge suprême et donc le gardien du droit, le roi idéal des temps messianiques sera investi de l’esprit de Dieu qui lui conférera la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force et la connaissance de Dieu, c’est-à-dire toutes les qualités nécessaires à l’exercice parfait de la justice, exercice par lequel il fera régner le droit et la paix : Il jugera les petits avec justice, et prononcera selon le droit pour les humbles de la terre.