Siracide 38,24 – 39,11

Les scribes et la Bible

Père Simon Légasse

DBS, tome 12, article Scribes : Les scribes et la Bible, Colonne 262s, p. 71s

 

       Les scribes apparaissent à l’origine de la tradition biblique. Nous en trouvons un exemple concret dans le chapitre 36 du livre de Jérémie : un scribe, Baruk, fils de Néryâh, rédige les oracles que lui dicte le prophète sur un livre-rouleau lu ensuite au peuple, devant les hauts fonctionnaires et devant le roi. Baruk apparaît ainsi clairement comme l’éditeur primitif du livre de Jérémie, celui qui reproduit un texte et le fait connaître.

       Cette fonction éditoriale apparaît aussi pour les livres juridiques de la Bible : dans le second livre des Rois (22,10b), le scribe Shaphan apparaît, en quelque sorte, comme l’éditeur du livre de la Loi, puisque c’est lui qui le lit devant le roi, avant que celui-ci ne le lise devant le peuple en tant que livre de l’Alliance. De même Esdras, le scribe des paroles ordonnées par Dieu, est officiellement chargé de faire connaître la Loi de Dieu, qui est aussi la Loi du roi, et de la faire appliquer : concrètement, c’est lui qui lit devant tout le peuple le Livre de la Loi de Moïse. Selon toute vraisemblance, le rôle de Shaplan et d’Esdras, dans les deux éditions de code législatif, n’a probablement pas été celui de simples diffuseurs : le rôle d’Esdras, dans la publication de la Loi de Moïse, vraisemblablement le Pentateuque, a probablement commencé par la rédaction/compilation du Pentateuque lui-même, en fondant, dans un même texte, les traditions antérieures de la tradition/rédaction sacerdotale. De même le rôle des scribes de la famille de Shaphan dans la rédaction finale et l’application du livre de la Loi trouvé dans le Temple sous Josias, c’est-à-dire probablement le Deutéronome, a été souligné par beaucoup.

       C’est vraisemblablement dans les livres dits sapientiaux que l’activité des scribes paraît le plus évident. L’exemple du livre de Ben Sira, le Siracide, est caractéristique puisque son auteur est un scribe, un sage, enseignant dans son école, dans sa maison de recherche, destinée surtout à de futurs scribes. De même aussi Qohélet est décrit comme un sage qui a enseigné la science au peuple, pesé, examiné, ajusté un grand nombre de proverbes, et son caractère de scribe sans illusion apparaît dans une des remarques finales : à multiplier les livres, il n’y a pas de limites ! De même encore, le livre des Proverbes apparaît-il, en grande partie, comme l’œuvre de scribes royaux, en particulier ceux d’Ezéchias.