1 Maccabées 3, 1-26
La mort de sainte Elisabeth de Hongrie
Charles de Montalembert
Histoire de sainte Elisabeth de Hongrie, tome 2, p. 192
Un peu avant minuit, déjà sûre de sa glorieuse couronne, elle dit à ses amies : « Que ferons-nous si notre ennemi le diable venait à paraître ? » Un instant après, elle s’écria d’une voix très haute et claire : « Fuis, fuis, méchant ! Je t’ai renié ». Bientôt elle dit : « Or, il s’en va ; parlons maintenant de Dieu et de son Fils. Que cela ne vous ennuie pas, ce ne sera pas long ».
Vers minuit, son visage devint tellement resplendissant, qu’on pouvait à peine le regarder. Au premier cri du coq, elle dit : « Voici l’heure où la Vierge Marie mit au monde le Seigneur, et le présenta aux assistants. Parlons de Dieu et de l’enfant Jésus. Il est venu racheter le monde, il me rachètera aussi : voici l’heure où il ressuscita les morts, où il délivra les âmes enchaînées. Il délivrera aussi la mienne de ce monde misérable ». Sa joie et son bonheur croissaient à chaque instant. Elle parla encore beaucoup toute enflammée par l’Esprit-Saint. Enfin elle ajouta : « Ô Marie ! Viens à mon secours ! Le moment arrive où Dieu appelle ses amis à ses noces… L’Epoux vient chercher son épouse ». Puis, à voix basse : « Silence !… Silence ! » En prononçant ces mots, elle baissa la tête comme dans un doux sommeil, et rendit en triomphe le dernier soupir. Son âme s’envola au ciel au milieu des anges et des saints qui étaient venus au-devant d’elle. Un délicieux parfum se répandit aussitôt dans l’humble chaumière qui ne renfermait plus que sa dépouille mortelle, et l’on entendit dans les airs un chœur de voix célestes qui chantait avec une ineffable harmonie le sublime répons de l’Eglise qui résume toute sa vie : « Elle contemple désormais le Royaume de Dieu à cause de son amour pour le Christ Jésus, lui qu’elle a aimé, en qui elle a cru, qu’elle voit maintenant, qu’elle contemple éternellement ».
C’était dans la nuit du 19 novembre de l’année 1254, la sainte avait à peine accompli sa vingt-quatrième année.